Dans un rapport provisoire transmis à la justice, l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) déplore la blessure "gravissime" à l'anus de Théo, causée par la matraque télescopique du policier mis en examen pour viol avec arme par le magistrat instructeur de Bobigny. Mais, au vu des vidéos et des premières auditions, la "police des polices" avait retenu "le caractère non intentionnel" du geste du policier. Précision importante : il ne s'agit pas là d'un nouveau rapport, qui viendrait d'être versé à la procédure.
Un rapport remis avant les mises en examen. Il s'agit en réalité du rapport de synthèse, qui a été remis dimanche au procureur et à la juge d'instruction, juste avant qu'elle ne mette en examen les quatre policiers. Ce rapport est le fruit, la synthèse de tous les actes d’enquête réalisés en trois jours : audition de la victime, interrogatoire des policiers et exploitation minutieuse de toutes les vidéos, notamment celle des caméras de vidéosurveillance de la ville d'Aulnay-sous-Bois.
Exploitation de la vidéosurveillance. Les images sont de bonne qualité. Elles ont été grossies, vues et revues des dizaines de fois par de nombreux enquêteurs. Après les avoir visionnées, l'IGPN conclut donc qu'il n'y avait pas "volonté délibérée de viol". La matraque télescopique n'a pas été posée sur les fesses de la victime, puis enfoncée volontairement, explique-t-on.
Un coup de matraque horizontal au niveau des fesses. Ce que l'on voit sur les images, selon elle, c'est une grande confusion, avec une bagarre de 2 minutes 30. Théo, 1,92 m, refuse de se laisser menotter et se débat. Les policiers lui donnent alors plusieurs coups de matraque derrière les genoux, pour lui faire plier les jambes. Ces coups sont donnés avec toute la longueur de la matraque télescopique. Et puis soudain, un coup "donné horizontalement, d'arrière en avant, avec la pointe" qui ne parait pas être réglementaire.
"Un coup destiné à faire mal". "C'est un coup destiné à faire mal, pour l'obliger à lâcher prise", confie un enquêteur à Europe 1. "Il a provoqué une blessure épouvantable, mais pour nous, il n'y a ni volonté de viol ni volonté d'humiliation". À ce stade de l'enquête, la juge d'instruction en a décidé autrement : elle a mis en examen ce policier pour viol, sans avoir pu voir la vidéo à cause d'un problème technique.
Comment se passe l’enquête de l’IGPN ?
L’enquête ouverte par le parquet de Bobigny a été confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). La police des polices, en somme. Les quatre fonctionnaires de la brigade spécialisée de terrain (BST) mis en examen dans cette affaire ont été longuement interrogés dès le vendredi. Les enquêteurs ont également entendu à deux reprises Théo ainsi qu’un témoin qui se trouvait à proximité au moment de l'interpellation. Mais l’essentiel de leur travail consiste à décortiquer les images de la caméra de vidéosurveillance qui a enregistré la scène ainsi que celles de deux films amateurs qui leur ont été transmis. Objectif : établir les circonstances de l'intervention et l'éventuel caractère intentionnel du geste du policier.