Alain Finkielkraut, philosophe et essayiste, est l'invité du Grand Rendez-vous ce dimanche 26 juin. 6:54
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Invité du Grand Rendez-vous, le philosophe et essayiste Alain Finkielkraut est revenu sur la décision de la Cour suprême américaine qui permet l'interdiction de l'avortement dans certains États des États-Unis. Si le philosophe conteste cette décision, il nuance les paniques, notamment en France, qu'a provoqué cette nouvelle.

Au micro de Sonia Mabrouk, Alain Finkielkraut, philosophe et essayiste, estime que la décision de la Cour suprême américaine est "révoltante". Pour lui, cette décision est le signe d'un délitement du principe de la séparation des pouvoirs, effectif dans de nombreuses démocraties occidentales. "La démocratie ne doit pas être le gouvernement des juges", a-t-il déclaré sur Europe 1.

Il estime également que cette nouvelle réglementation est un facteur "aggravant de la fracturation" de la société américaine : "C'est comme si deux démences se faisaient face et se renforçaient l'une et l'autre. D'un côté, la démence Trumpiste qui pense que c'est la volonté de Dieu. Et de l'autre côté, la démence wokiste qui, après avoir ravagé les campus, se répand dans certains médias et dans les grandes entreprises. Et cette situation me paraît très inquiétante".

 

"Il ne faut toucher à la Constitution que d'une main tremblante"

Face à la majorité présidentielle et la NUPES, notamment la France insoumise, qui réclame la mention du droit à l'avortement dans la Constitution, le philosophe adopte une autre position : "C'est une réaction politique et même politicienne. La France n'est pas l'Amérique. La situation est extrêmement différente. L'interdiction de l'avortement ne figurait au programme d'aucun parti, ni pour les présidentielles, ni pour les législatives. Simplement, en prenant cette initiative, la coalition majoritaire oblige la gauche à voter avec elle et donc c'est préparer aussi éventuellement les compromis de demain".

 

"Et en plus, je crois qu'il ne faut toucher à la Constitution que d'une main tremblante", ajoute le philosophe. De plus, l'académicien estime qu'il ne faut pas "renforcer par une défense trop brutale de ce droit", les anti-avortement. 

"Revenir au tact, à la langue et l'argumentaire de Simone Veil"

Tout en se déclarant favorable au droit à l'avortement, le philosophe est revenu sur certaines positions féministes concernant ce droit. "Le mot d'ordre "notre corps nous appartient" ne convient pas. Il ne convient pas parce que il y a un autre dans le corps des femmes. C'est la raison pour laquelle l'avortement ne peut pas se faire au delà d'un certain délai et il ne faut pas augmenter ce délai de manière inconsidérée. Pour le coup, il me semble que si l'on veut défendre, si l'on veut renforcer, comme c'est salutaire de le faire, la loi Veil. Il faut en revenir au tact, à la langue et à l'argumentaire de Simone Veil", a-t-il analysé.