Plusieurs centaines de personnes se sont réunies samedi à Paris pour réclamer la grâce totale de Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent, à la suite du rejet de sa demande de libération conditionnelle. Vendredi, l'Elysée avait indiqué avoir transmis la demande de grâce à la Chancellerie qui doit d'abord rendre un avis, avant que le président ne se prononce.
Le rassemblement s'est tenu samedi après-midi sur l'esplanade du Trocadéro en présence de plusieurs personnalités comme Eva Darlan, la présidente du comité de soutien, et les actrices Anny Duperey et Danièle Evenou. Des filles et des avocates de Jacqueline Sauvage y participaient aussi, de même que des militantes d' "Osez le féminisme" et plusieurs Femen. La foule, majoritairement féminine, a scandé "Libérez Jacqueline" ou "totale, réelle, grâce présidentielle".
"Une femme qui se défend n'est pas coupable". "Une femme qui se défend n'est pas coupable, graciez Jacqueline Sauvage", "En laissant Jacqueline en prison vous enfermez toutes les Françaises", "François Hollande, hier tu quittes, aujourd'hui t'acquittes", pouvait-on lire sur des pancartes, ou encore "C'est eux les sauvages".
JUSTICE POUR LES FEMMES
— Alliance des Femmes (@alliance_femmes) 10 décembre 2016
LIBEREZ JACQUELINE SAUVAGE pic.twitter.com/jHNQP62xgl
"On lui a refusé de passer Noël chez elle", a déclaré Eva Darlan. "C'est terrible que cette femme, même maintenant, ne puisse pas profiter de la vie, ne sache pas qu'il puisse y avoir autre chose que de la violence", a-t-elle expliqué, les larmes aux yeux. "Elle ne représente aucun danger pour la société, on s'obstine!", a renchéri Anny Duperey. "Les femmes violentées prennent perpétuité: les coups résonnent toute une vie", s'est indignée une manifestante, Dalie, 45 ans.
Plusieurs centaines de personnes manifestent place du Trocadéro pour la grâce totale de Jacqueline Sauvage pic.twitter.com/sqBAsNudeA
— Camille André (@camilleandre1) 10 décembre 2016
Symbole des violences faites aux femmes. Devenue un symbole des victimes de violences conjugales, Jacqueline Sauvage avait obtenu le 31 janvier, après une forte mobilisation, une grâce partielle du président François Hollande, lui permettant de présenter immédiatement une demande de libération conditionnelle. Cette demande a été rejetée en première instance, puis en appel la semaine dernière.
Dénonçant un "bras de fer entre magistrats du siège et l'exécutif", Nathalie Tomasini, l'une des avocates de Jacqueline Sauvage, a appelé à "rendre justice en graciant cette femme qui a été condamnée à quatre reprises alors qu'elle a été victime à de multiples reprises". En octobre 2014, comme en appel en décembre 2015, Jacqueline Sauvage avait été condamnée à dix ans de réclusion criminelle. Ses trois filles avaient témoigné à charge contre leur père, expliquant avoir été violées et battues comme l'était leur mère.