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Hélène Terzian, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Alors que la crise économique née dans le sillon du coronavirus frappe la France, les Restos du Cœur lancent leur 36è campagne d'hiver. Une campagne forcément particulière alors que, selon plusieurs associations, le Covid a fait basculer plus d'un million de Français dans la pauvreté. 
REPORTAGE

"Je n'ai jamais fait ça." Les Restos du Cœur lancent mardi leur campagne d'hiver, alors que la crise économique déclenchée dans le sillon du coronavirus touche de plein fouet la France. Selon plusieurs associations caritatives, plus d'un million de Français ont basculé dans la pauvreté. D'ici à la fin de l'année, ce sont 10 millions de personnes qui pourraient vivre sous le seuil de pauvreté dans le pays, soit avec moins de 1.063 euros par mois.

"Les pauvres Covid"

Cette 36ème campagne s'annonce donc particulière, avec notamment ces nouveaux profils qui doivent pousser les portes de l'association fondée par Coluche. "Les pauvres Covid", comme les appelle François, le responsable du centre de l'association du 18e arrondissement de la capitale. Parmi eux Rabat, commis de cuisine de 67 ans, qui n'aurait jamais cru se retrouver un jour avec un caddie en train de faire la queue devant "Les Restos". Mais avec la fermeture des restaurants, il est passé d'un smic au chômage partiel, et se retrouve avec moins de 1.000 euros pour faire vivre sa famille. 

"Depuis que le restaurant a fermé, c'est très compliqué. On est cinq à la maison, je suis divorcé et je paye 200 euros de pension alimentaire", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Avant je travaillais au restaurant, je mangeais sur place et parfois je ramenais même un peu de nourriture pour les enfants."

"La première fois que je suis venue, j'ai pleuré"

Mais Rabat n'est pas le seul travailleur précaire à se retrouver dans le rouge avant la fin du mois. Doumia avait "l'habitude de regarder les Restos du Cœur à la télé" [le concert des Enfoirés, ndlr], mais là elle "y est" : "on vient demander de l'aide et des colis alimentaires." Une situation difficile à accepter pour cette mère de famille qui, comme son mari, est sans emploi à cause du coronavirus. "La première fois que je suis venue, j'ai pleuré", confie-t-elle.

"Depuis la crise sanitaire, j'ai basculé dans le besoin. Mon mari était déménageur, on était déjà sur le fil et avec le Covid ça s'est accentué. On doit vivre avec 1.200 euros par mois. Loyer, factures d'électricité, cantine pour les enfants... On arrive le 15 du mois et on n'a plus de quoi remplir le frigo."

Ces travailleurs tombés dans la précarité, François, le responsable du centre de l'association du 18e arrondissement, en voit plusieurs par jour franchir pour la première fois les portes des "Restos". "Tous les jours, on est à 10-20 inscriptions, des nouveaux profils arrivent, touchés par le chômage et la fermeture des commerces", indique-t-il en mentionnant le dernier exemple en date : une intermittente du spectacle privée d'activité à cause de la crise sanitaire. 

Et la crainte de François est de voir ces nouveaux "pauvres Covid" franchir les portes de son centre pendant encore plusieurs mois.