«J'ai un couteau de cuisine dans mon sac pour me défendre» : ces adolescents qui vont à l'école avec des armes blanches
Alors que deux adolescents sont morts poignardés en l'espace de quelques jours, le port d'armes blanches semble se répandre chez les jeunes. Devant un lycée toulousain, Europe 1 a rencontré des jeunes qui affirment se rendre dans leur établissement avec un couteau ou un scalpel dans leur sac.
Deux drames en l'espace de quelques jours. Mardi, un adolescent de 16 ans a trouvé la mort lors d'une rixe près du lycée Rodin, dans le XIIIe arrondissement de Paris, le week-end dernier, Inès, 15 ans, a été retrouvée morte poignardée dans une foret près de Limoges. Dans les deux cas, les meurtriers présumés sont des mineurs, et l'arme utilisée, un couteau. Car le port des armes blanches semble se répandre chez les jeunes, et ce, jusque dans les établissements scolaires. C'est le cas d'un lycée toulousain devant lequel Europe 1 a rencontré des adolescents qui ne sortent jamais sans leur attirail.
"J'ai pris un couteau de cuisine dans mon sac, j'ai aussi un scalpel, c'est pour me défendre", se justifie Cathy, 16 ans, devant son lycée de 600 élèves au cœur d'un quartier populaire. "Les années précédentes, il s'est passé des choses devant le lycée, des règlements de compte. Ça me rassure de savoir que j'ai un truc pour me défendre", ajoute l'adolescente.
"Un couteau, encore faut-il savoir s'en servir"
Un moyen de défense qui fait des émules auprès des autres élèves. Si Ombline n'est pas équipée pour l'instant, c'est uniquement parce qu'elle n'a pas besoin de rentrer chez elle le soir. "Ma meilleure amie a toujours un couteau sur elle parce qu'elle n'est pas rassurée avec tout ce qui se passe. Moi je n'en ai pas parce que je suis à l'internat. Si je n'étais pas à l'internat, je pense que j'aurais moi aussi un couteau, parce que ça sert", souligne-t-elle.
Un attrait pour le couteau ici caché, voire tabou, car bien souvent dans le dos des parents. D'où le peu de signalements reçus par Christophe Amans, pour le syndicat de police Unité. Des jeunes qui, selon lui, ne sont que dans le sillon d'une société devenue ultra-violente. "À l'époque, il y avait des bombes lacrymogènes, maintenant dans la plupart des bagarres, ce sont des couteaux. Parce qu'un couteau, encore faut-il savoir s'en servir. Les jeunes sont très peu à savoir les utiliser correctement."
Un manque de dextérité évident associé à un phénomène qui pourtant prend de l'ampleur et face auquel les établissements semblent totalement démunis.