“Au début, on ne voit rien. Maintenant, c’est plus facile d’en parler rétroactivement”, concède Véronique. Cette mère de famille a vu son cadet partir pour la Syrie, en septembre 2014, rejoindre les rangs des djihadistes de Daech. “Quand on le vit, on ne croit pas que c’est un signe”, assure-t-elle.
Alors étudiant en kinésithérapie, Félix* est “tombé amoureux de l’islam”. Fils de catholiques, le jeune homme a pu librement assumer ce choix. “Quand vous êtes de parents aimants, vous accueillez la conversion de votre enfant”, estime Véronique Roy.
Aucun signe de radicalisme. Pour la famille, rien ne laissait présager d’une quelconque radicalisation. “Jamais il n’a parlé d’un désir de partir en Syrie. Il parlait de l’islam comme une religion d’amour, qui lui apportait beaucoup de méditation. Il avait le sourire”, remarque la mère de Félix.
“Il avait des signes de pratique assidue : cinq prières par jour, il faisait le ramadan et manger halal. Mais c’est normal pour un musulman. Il tenait des propos normaux et n’avait pas une attitude violente qui pouvait laisser penser qu’il était endoctriné”, assure-t-elle.
“Il a été radicalisé par des gens, il ne s’est pas radicalisé comme ça, d’un claquement de doigt sur Internet.” “On n’est responsables de rien. Ils ont été plus forts que nous. Ils vivent en France (...) Certains sont payés, jusqu’à 15.000 euros, pour les faire partir", indique Véronique Roy.
“Je ne sais pas ce qu’il fait”. Loin de sa famille, Félix n’a pas rompu tout contact avec elle. “On communique par messagerie instantanée”, confie sa mère. “Parfois on a des conversations de 3h30, c’est un enfant qui est en manque”, affirme-t-elle. “Mais je ne sais pas précisément où il est et ce qu’il fait”, regrette Véronique.
“Il ne parle plus avec ses émotions mais au nom d’un groupe. Il nous envoie parfois des copiés collés de texte (...) Il s’est approprié la misère d’un peuple”, témoigne la mère du radicalisé.
Pour combattre ce phénomène d'embrigadement, Véronique Roy a participé avec d’autres parents à une campagne vidéo pour sensibiliser sur la question. Une plate-forme d'écoute, de conseil et de signalement a été mise en place par le ministère de l'Intérieur à l'intention des familles touchées. Le numéro vert est le 0 800 00 56 96.
* Le prénom a été modifié
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Radicalisation : "Au début, on ne voit rien du...par Europe1fr