C'est un sujet douloureux auquel TF1 consacre jeudi soir une mini-série, intitulée Fugueuses. Hormis les filières internationales de traite des enfants, la prostitution des mineures existe bien en France. Un rapport commandé par le gouvernement estime que 7.000 à 10.000 mineurs seraient concernés, et le chiffre augmente constamment depuis cinq ans. Ce sont des jeunes qui souffrent souvent d'une grande difficulté affective. Europe 1 s'est rendu à Lille auprès de deux associations, Entr'Actes et Solfa, qui s'occupent de recueillir ces mineures.
"En-dessous de 15 ans, elles ne le disent pas forcément"
"J'avais les yeux qui pleuraient, je n'étais vraiment pas à l'aise. Le client a dû le remarquer mais il s'en fichait." Ce témoignage fort est celui de Julie, 17 ans aujourd'hui. La jeune fille a eu un parcours de vie compliqué où elle fut ballotée de placements en famille d'accueil. Ses activités n'ont pas toujours lieu dans la rue : soirées, passes dans des Airbnb... Les réseaux sociaux facilitent grandement la prostitution des mineurs, et le proxénète est souvent le petit copain.
Les deux associations accueillent ces mineures en semi-autonomie. Dans un premier temps, elles peuvent continuer leurs activités pour se reconstruire et en parler librement à la psychologue Céline Carissimo. "Elles nous expliquent que plus elles sont jeunes, plus les tarifs sont élevés", souligne-t-elle.
Evidemment, la prostitution des mineures est pénalisée en France. "Mais au niveau des clients, il y a un seuil à ne pas dépasser. 15 ans ça passe, en-dessous de 15 ans, elles ne le disent pas forcément", remarque la psychologue.
Un plan gouvernemental pour lutter contre ce phénomène
Cet âge de 15 ans a été fixé par la loi pour supposer le consentement sexuel. L'argent constitue le cercle vicieux pour ces mineures, comme Julie et Jessie, 12 ans. "On se fait 200 euros par jour, ce qui fait 10.000 euros par mois", explique la première. "Ce n'est pas de l'argent facile, c'est de l'argent rapide", confie la seconde.
Ces sommes importantes servent notamment à acheter toutes sortes de drogues. Le ministre en charge de l'enfance, Adrien Taquet, doit présenter mi-octobre un plan pour lutter contre la prostitution des mineurs.