Ce mercredi, les agriculteurs auront les yeux rivés vers Paris. Le projet de loi d'Orientation agricole doit être présenté au Conseil des ministres, quelques mois après les blocages des agriculteurs face à leurs conditions de travail et des normes toujours plus strictes. Ce projet devrait être placé sous le signe de la souveraineté alimentaire, de la simplification des normes et également, sous le signe le renouvellement des générations.
Un niveau de vie qui s'effrite depuis 20 ans
Près de Toulouse, Florian, un céréalier de 57 ans, n'attend pas grand-chose de ce projet de loi, surtout après la venue du Premier ministre Gabriel Attal ici, il y a deux mois. "Je dis m*rde au gouvernement, à monsieur le président, et à monsieur le Premier ministre". L'agriculteur ne cache plus sa colère, alors qu'après 32 ans de dur labeur dans ces 150 hectares de champs, il n'arrive même plus à vivre décemment.
"J'ai versé 11.000 euros de MSA (mutualité sociale agricole) ! Et maintenant, ma femme doit appeler la banque pour savoir si on n'est pas à découvert", s'indigne-t-il. Son niveau de vie s'est effrité depuis l'essor du libre-échange en Europe il y a 20 ans. Alors dans ces conditions, pas question de parler de souveraineté alimentaire.
"Je n'y arrive plus"
"Dans les autres pays, il y a du glyphosate partout. Je ne dis pas qu'il faut en arriver là, mais enfin, un peu de bon sens ! C'est quoi cette concurrence déloyale ?", s'interroge l'exploitant. Un contexte qui ne favorise pas du tout la transmission, l'autre pierre angulaire du projet de loi. Les filles de Florian aident à la ferme certes, mais sont épuisées.
"Mes filles quand elles rentrent du travail, elles viennent m'aider. Je le dis avec beaucoup d'émoi mais je ne sais pas quel cadeau on va leur faire parce que je n'y arrive plus", confie-t-il. Mais il l'assure déjà : si le projet de loi ne convient pas, l'agriculteur se mobilisera de nouveau comme il l'avait fait en début d'année.