Deux hommes ont apporté la pomme de terre dans les assiettes françaises. Antoine-Augustin Parmentier, médecin des armées qui en a fait la promotion au 18e siècle, alors que le tubercule n'était pas connu. Et Joël Robuchon, qui l'a élevée au rang d'art dans les années 1980. Le célèbre cuisinier français, parmi les plus étoilés du monde avec 32 macarons au Michelin, est mort lundi 6 août à l'âge de 73 ans, selon une information du Figaro confirmée par Europe 1. Il était atteint d'un cancer.
Atelier. Né à Poitiers en 1945, Joël Robuchon était à la tête d'un véritable empire gastronomique. Inventeur du concept de l'Atelier, petit restaurant sans réservation et convivial, avec une cuisine ouverte sur la salle et une carte pleine de petites assiettes savoureuses, il en avait ouvert de Paris à Tokyo en passant par Las Vegas, New York et Londres dans les années 2000. Avant cela, celui qui s'était lancé dans la cuisine à l'âge de 15 ans avait ouvert des établissements plus traditionnels : le Jamin, à Paris, en 1981, et le restaurant Joël Robuchon en 1994, toujours dans la capitale.
L'art de la purée. Sa cuisine s'était caractérisée par la maîtrise alliée à la simplicité, l'absence de chichi n'empêchant pas le perfectionnisme. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si son plat le plus connu, encore aujourd'hui, reste sa version de la purée de pomme de terre, livrée dans les années 1980 et immédiatement devenue iconique. Beaucoup de rattes, beaucoup de beurre et un bon coup de poignet pour mélanger le tout. De quoi (presque) éclipser les autres créations de Joël Robuchon, bien plus diversifiées, de la tarte aux truffes au foie gras cuit en cocotte au fumet de céleri, en passant par les raviolis de langoustines.
Transmission. Souvent inspiré par la cuisine asiatique, qu'il aimait beaucoup, Joël Robuchon avait fait de la transmission un enjeu majeur. Emissions de télévision ("Cuisinez comme un grand chef", "bon appétit bien sûr", "planète gourmande"), collaborations avec des marques de la grande distribution : le chef aux multiples distinctions n'avait eu de cesse de se rapprocher du grand public. Réputé exigeant, pour ne pas dire tyrannique en cuisine, Joël Robuchon avait, en plus de 50 ans de carrière, raflé toutes les distinctions possibles ou presque. Outre ses étoiles, il avait décroché le titre de "cuisinier du siècle" de Gault et Millau en 1990, puis celui de "meilleur restaurant au monde" décerné par l'International Herald Tribune en 1994.