Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, ne s'interdit pas une mobilisation dans l'hypothèse où le plan pauvreté ne serait pas à la hauteur, par exemple, mais refuse de s'associer à celle du 9 octobre, lancée notamment par la CGT et FO.
"On ne fera pas ce cadeau au gouvernement de donner le sentiment que le syndicalisme est une machine à enclencher les mobilisations sans finalités particulières pour les salariés", argumente-t-il dans un entretien publié lundi dans Le Monde. Toutefois, "s'il y a besoin de se mobiliser, on le fera", promet-il, notamment "si la stratégie pauvreté n'est pas à la hauteur, si le plan hôpital n'a pas un volet ressources humaines, s'il n'y a pas de corrections des annonces faites pour les retraités". "Mais le côté 'on se réunit fin août et on fait une mobilisation (en) octobre contre la politique du gouvernement', ce n'est pas notre conception de l'utilité du syndicalisme et de son efficacité", insiste-t-il.
Le syndicat ne participera pas à la journée d'actions du 18 septembre. La CFDT ne s'associe pas non plus à la journée d'actions lancée le 18 septembre par la CGT et Sud-Rail à la SNCF, Laurent Berger refusant de "rejouer les batailles menées". La loi de réforme ferroviaire "est votée, maintenant il faut regarder comment on pèse sur les négociations sur la convention collective de branche". La CGT, FO, l'Unef et les lycéens de l'UNL ont appelé le 30 août à "une première journée de mobilisation et de grève interprofessionnelle, étudiante et lycéenne" pour protester contre la politique "idéologique" du gouvernement.
Le "coup de rabot budgétaire" épinglé. Laurent Berger dénonce aussi le "coup de rabot budgétaire" qui touche les plus précaires, sans "logique politique" ni "vision à long terme". "Il n'y a pas de logique politique derrière - si ce n'est budgétaire -, pas de vision à long terme", estime au sujet des annonces budgétaires le leader syndical, qui sera reçu à Matignon mardi après-midi, comme l'ensemble des partenaires sociaux depuis la semaine dernière. "On a un quasi-renoncement à une revalorisation digne de ce nom des minima sociaux. Sur les pensions de retraite, pour l'instant, il n'y a pas de distinction entre les basses pensions et les autres. Sur la fonction publique, on a encore une présentation des agents comme un coût", énumère-t-il.
Une rencontre à Matignon prévue mardi. Mardi sera l'occasion pour lui de dire à Édouard Philippe "que notre pays a besoin de justice sociale et de savoir où le gouvernement souhaite aller". "Ce sentiment de réformer pour réformer ou du pragmatisme à tout crin ne fait pas sens. Quelle est la finalité de ce qui est proposé aujourd'hui ? Du progrès social ? Du progrès démocratique ? Ou bien uniquement des mesures égrenées les unes après les autres ?".