La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a alerté vendredi sur la présence d'espions russes sur les sites de petites annonces comme "Le Bon Coin", où ils ciblent notamment des étudiants de grandes écoles ou jeunes actifs proposant des cours particuliers. "L'espionnage, ce n'est malheureusement pas qu'au cinéma !", prévient sur son site le service français du renseignement intérieur, en charge notamment de repérer les agents étrangers.
La DGSI explique avoir récemment mis en évidence que des étudiants ou des jeunes actifs français avaient été approchés par des officiers du service de renseignement extérieur russe, le SVR (ex-KGB), après avoir proposé des cours particuliers sur des sites de petites annonces dans leur domaine de spécialité (économie, sciences, langues, géopolitique...). Selon une information du Monde, confirmée à l'AFP de source proche du dossier, une douzaine d'approches de ce type ont été détectées par les services français.
"Développer des relations faussement anodines"
Le quotidien rapporte notamment l'histoire de l'espion russe Valentin Vladimirovitch Zakharov, expulsé en novembre 2020, qui s'était fait passer pour un consultant tchèque auprès d'un jeune ingénieur français embauché dans une grande société spécialiste de l'intelligence artificielle. "Ingénieux, empathiques et imaginatifs, les espions ont à cœur de cibler des personnes d'intérêt afin d'exploiter leurs vulnérabilités ou, mieux encore, leurs compétences pour accéder à du renseignement", explique la DGSI, qui adopte désormais une stratégie de communication plus transparente sur le sujet.
Le service de renseignement décrit le modus operandi des espions, dont l'objectif est de "développer des relations faussement anodines qui, au fil du temps, leur permettront de vous exploiter". La DGSI liste les signaux d'alerte qui doivent éveiller les soupçons.
Sensibiliser les entreprises sensibles
L'"élève", qui utilise une nationalité d'emprunt non russe, formule des demandes sur des sujets de plus en plus sensibles, est rarement joignable sur son téléphone, demande à recevoir ses cours au restaurant ou dans un bar, jamais à son domicile, paye en espèces des sommes de plus en plus importantes et programme toujours oralement le prochain cours, d'un cours sur l'autre. En cas de doute, le service de contre-espionnage français invite à ne pas rester "seul face à un professionnel de la manipulation" et à les contacter à assistance-dgsi@interieur.gouv.fr.
Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur dévoilés par Le Monde et confirmés à l'AFP, la DGSI a conduit, depuis le début de l'année 2022, plus de 4.000 opérations de sensibilisation individuelles auprès des chefs d'entreprise (75%), d'établissements d'enseignement supérieur et de laboratoires de recherche (14%), d'administrations (6%) ou d'associations (5%).