La fille au pair française Sophie Lionnet, tuée en septembre 2017 à Londres, subissait des interrogatoires confinant à la torture psychologique de la part de ses deux employeurs accusés de l'avoir tuée, selon des enregistrements présentés mardi à leur procès. Le cadavre calciné de cette jeune fille de 21 ans, originaire de Troyes, avait été retrouvé le 20 septembre dans le jardin d'une propriété du sud-ouest de la capitale britannique. Deux Français, ses employeurs, Ouissem Medouni, 40 ans, et Sabrina Kouider, 35 ans, avaient été arrêtés dans la foulée, et comparaissent depuis lundi devant la cour criminelle de l'Old Bailey à Londres.
"Je prie Dieu pour qu'il m'empêche de te toucher". Mardi, les jurés ont entendu des extraits provenant de plus de huit heures d'enregistrements d'interrogatoires que subissait Sophie Lionnet. Dans un passage, Sabrina Kouider hurle littéralement sur la jeune femme. "Je prie Dieu pour qu'il m'empêche de te toucher. Je ne veux pas me salir les mains", dit-elle dans cet extrait datant du 11 septembre, soit seulement quelques jours avant sa mort. Sabrina Kouider traite également Sophie Lionnet de pédophile et prétend qu'elle peut "sentir une odeur de sexe" sur elle. Le couple l'accuse d'être la complice de Mark Walton, le père du fils de Sabrina Kouider et membre fondateur du boys band irlandais Boyzone, devenu une obsession pour Kouider. "Tu as tout détruit. J'essayais de me retrouver", dit Sabrina Kouider à Sophie Lionnet, qui avait écrit dans une note retrouvée par la police : "Pourquoi moi ? J'ai besoin d'aide pour les arrêter."
Un aveu contraint. Lors de ces interrogatoires, Ouissem Medouni et Sabrina Kouider ont exercé "une pression incessante" pour tenter de faire avouer à la jeune femme qu'elle aurait aidé Mark Walton à droguer et agresser sexuellement les membres de la famille, a déclaré le procureur Richard Horwell. Dans une vidéo diffusée à l'audience, la jeune femme apparaît très maigre, le visage émacié, et finit par accéder au souhait de ses employeurs en reconnaissant la soi-disant complicité dont on l'accuse. "Cette confession finale est tout sauf volontaire", a souligné Richard Horwell. "Ce sont ses derniers mots. Quelques heures après, la vie lui était enlevée". En marge de l'audience, Frank Berton, avocat des parents de Sophie Lionnet, a déclaré que la famille souhaitait récupérer sa dépouille.