La France va interdire plusieurs modèles d'implants mammaires soupçonnés de favoriser une forme rare de cancer, selon un courrier de l'Agence nationale des produits de santé (ANSM) dévoilé mercredi par Le Monde et Radio France. Les prothèses concernées ont une surface extérieure en silicone "macro-texturée", c'est-à-dire rugueuse, ou en polyuréthane. Leur retrait a été décidé "au vu du danger rare mais grave que leur implantation est susceptible de constituer", selon ce courrier.
Parmi les prothèses interdites figurent plusieurs modèles du fabricant américain Allergan de type Biocell. Cette texture est la principale mise en cause dans la survenue de lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC) chez certaines femmes. Depuis 2011, 56 cas de cette forme rare de cancer ont été recensés en France chez des femmes porteuses d'implants mammaires, texturés pour la quasi totalité. Trois en sont décédées. Cette maladie demeure toutefois rare, 500.000 femmes portant des implants en France. Les autres modèles frappés par l'interdiction sont fabriqués par les marques Arion, Sebbin, Nagor, Eurosilicone et Polytech.
Les implants microtexturés épargnés
En prononçant ces interdictions, l'ANSM est allée plus loin que le comité d'expertes qu'elle avait mandaté début février. Ce comité se prononçait seulement pour l'interdiction des prothèses Biocell d'Allergan. En revanche, l'ANSM n'a pas non plus opté pour la solution la plus radicale, qui aurait consisté à interdire en bloc tous les implants mammaires texturés. Les implants mammaires en silicone sont en effet classifiés en fonction de l'aspect de la pellicule qui les entoure, entre lisses et texturés (microtexturés ou macrotexturés, selon le degré de rugosité).
En France, les prothèses texturées (macro et micro confondues) représentent 85% du marché. Elles sont réputées rester mieux en place que les prothèses à surface lisse et provoquer moins de "coques" (durcissement des tissus autour de l'implant). Selon certains scientifiques, les inflammations provoquées par le frottement pourraient toutefois être à l'origine du LAGC. Enfin, les implants dont l'enveloppe extérieure est en polyuréthane sont marginaux sur le marché. La mousse dont ils sont recouverts est poreuse, ce qui permet aux tissus du sein de s'y accrocher.