Monsieur Bricolage risque de se faire quelques ennemis à Carnac. Car son implantation dans la commune s'est faite au détriment d'une quarantaine de menhirs érigés sur le célèbre site archéologique de cette cité du Morbihan. Un ballet de tractopelles et des camions bennes se sont chargés de la destruction de ces pierres afin de lancer la construction d'un magasin flambant neuf pour laquelle la mairie avait donné son accord. En Bretagne, la polémique enfle alors que l'établissement doit accueillir ses premiers clients dans quelques mois.
Pour Christian Obeltz, chercheur au CNRS et passionné d'archéologie, cette construction est un "véritable scandale". Car avant d'être évacuée, cette quarantaine de menhirs parsemait cette parcelle depuis près de huit millénaires. "C'étaient de petits menhirs. Mais justement ! Ils étaient d'autant plus précieux parce que les plus petits sont souvent les plus anciens. La loi a été violée. Toute destruction de site archéologique est rigoureusement interdite", persiffle-t-il.
"Tout a été scrupuleusement respecté"
La zone en question faisait précisément partie d'un ensemble de sites mégalithiques identifiés à Carnac pour entrer au patrimoine mondiale de l'Unesco. Un dossier porté par le maire, Olivier Lepick, qui a pourtant accordé le permis de construire tant décrié.
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Mais la procédure a été effectuée dans les règles, assure l'intéressé auprès d'Europe 1. "Tout a été scrupuleusement respecté, il y a eu une première fois en 2014 qui a conclu à la faible valeur archéologique. Franchement, à Carnac, dès qu'on creuse, on tombe sur des foyers du néolithique. Et dans 99% des cas, les archéologues n'y vont pas car ça n'a aucune valeur. S'il y avait eu un non-respect des règles, la Drac (direction régionale des affaires culturelles) nous serait tombée dessus à bras raccourcis", assure-t-il. L'institution en question n'a pas encore réagi.
De son côté, la Drac confirme effectivement ne pas avoir trouvé de valeur archéologique notable aux menhirs détruits, mais plusieurs experts ne partagent pas du tout cet avis et estiment au contraire que les menhirs en question constituaient un patrimoine unique par leur ancienneté avant même la période néolithique.