"Il faut du temps pour voter une loi et il faut encore plus de temps pour l'appliquer". Invité lundi d'Europe 1, alors que démarre la Fashion Week haute couture à Paris, Olivier Veran, ancien député PS de l'Isère, est revenu sur la lenteur de la mise en application de la "loi mannequin" votée il y a treize mois. "Je ne doute pas de la volonté politique du gouvernement. La raison de cette non application est plutôt technocratique. C'est extrêmement long, il faut du temps pour voter une loi et il faut encore du temps pour l'appliquer. Je le déplore", assure le rapporteur de la loi, également médecin.
Préciser quand les photos sont retouchées. Cette loi a pour objectif de lutter contre la maigreur des mannequins et par extension contre l'anorexie, qui touche entre 30.000 et 40.000 personnes en France, selon le ministère de la Santé. Elle prévoit l'obligation d'écrire noir sur blanc dans les magazines lorsqu'une photo a été retouchée et contraint les mannequins à ne pas être trop maigres si elles veulent travailler en France.
Une application au printemps. Un des articles de cette loi est actuellement entre les mains de la Commission européenne et doit encore passer devant le conseil d'État. "Une publication dans le journal officiel est prévue au printemps prochain", précise Olivier Veran.
"Le regard a changé". Malgré tout le rapporteur de la loi insiste, "le regard des gens et l'attention des médias sur la question a déjà changé". "On parle de la santé de femmes et d'hommes d'âge jeune, qui sont soumis à des pressions pour perdre du poids, pour être minces et mettent leur santé en danger. Il n'y a aucune justification pour détourner le regard. Au contraire, il faut le dénoncer très fortement", ajoute-t-il assurant que la loi changera quelque chose pour les mannequins.
En Espagne, aux États-Unis aussi. La France n'est pas le seul pays à lutter contre l'anorexie dont souffrent les mannequins. "Les États-Unis, l'Australie et plusieurs ministères de la Santé européens ont prévu d'appliquer ou ont appliqué des lois similaires", pointe le rapporteur de la loi. "C'est tout le marché mondial de la mode qui est concerné. Et forcément la France étant le pays de la mode, cela provoque des réticences de cette industrie. Mais je pense que rien ne les justifie."