L'Insee lance mardi matin le début de la collecte pour le recensement de la population 2016, l'occasion de dévoiler le bilan démographique de la France pour l'année 2015. Depuis plusieurs mois, les spécialistes prévoient un fléchissement de la courbe en ce qui concerne les naissances. Même si les chiffres définitifs ne seront rendus publics que dans quelques heures, les données disponibles permettent d’ores et déjà de dire que les Français ont fait moins de bébés l'année dernière.
Pas d'effet post-Charlie. Selon les chiffres provisoires de l'Insee, il y a eu près de 697.000 naissances sur les onze premiers mois de l'année 2015. En 2014, sur la même période, on en comptait près de 716.000. Cette baisse de 19.000 bébés équivaut à une diminution d'un peu moins de 3%. Comment expliquer ce phénomène ? Il n’est pour le moment pas question de parler d'un effet post-attentats de Charlie Hebdo pour les spécialistes de la démographie, d'autant que les attentats ont l'effet inverse, en général. Face à ce type d'évènement tragique, la population a plutôt tendance à se replier sur sa famille et son couple, ce qui peut entraîner un petit pic des naissances.
Crise économique ou vieillesse des "baby-boomeuses". Pour expliquer cette baisse des naissances, les experts pointent plutôt du doigt la crise économique de 2008, mais avec un peu de retard et de façon plus modérée que chez nos voisins européens. L'autre raison pourrait être qu'il y a moins de femmes en âge de procréer : les dernières issues du "baby-boom" ont eu 40 ans cette année. En 2013, il n'y avait plus que 8,6 millions de femmes âgées de 20 à 40 ans, alors qu'elles étaient près de neuf millions il y a dix ans.
Une baisse du nombre de naissances ne signifie pas une baisse de la fécondité. Depuis 2006, cet indicateur est stable et la France est même l'un des pays les plus féconds d'Europe, avec près de deux enfants par femme.