Emmanuel Macron a décidé d'abaisser l'âge de la scolarité obligatoire de six à trois ans, à partir de la rentrée 2019, une mesure symbolique qui vise surtout à reconnaître la place de l'école maternelle puisque quasiment tous les enfants la fréquentent déjà à cet âge.
"Faire de l'école le lieu de l'égalité réelle". Selon l'Élysée, "la décision d'abaisser l'âge de l'instruction obligatoire à trois ans traduit la volonté du président de la République de faire de l'école le lieu de l'égalité réelle et une reconnaissance de l'école maternelle, qui ne doit plus être considérée comme un mode de garde universel ou comme la simple préparation à l'école élémentaire". "L'enjeu est d'affirmer l'identité propre de l'école maternelle comme une véritable école tournée vers l'acquisition du langage et de l'épanouissement de l'enfant", souligne-t-on de même source.
La maternelle, "pas une option". "L'école maternelle est et sera davantage à l'avenir un moment fondateur de notre parcours scolaire français", a déclaré Emmanuel Macron en ouverture de ces Assises, mardi. Le chef de l'Etat a dit vouloir cesser "de considérer l'école maternelle comme une option".
Un mouvement global de réformes. La réforme de la maternelle en préparation succède à toute une série d'initiatives gouvernementales dans le domaine éducatif, après les classes de CP dédoublées dans les zones défavorisées, la modification de la procédure d'accès à l'université, la réforme du bac et de la formation professionnelle.
De nombreuses disparités territoriales. Depuis 1959, la scolarité est obligatoire en France pour tous les enfants de 6 à 16 ans (elle l'était avant jusqu'à 14 ans). Mais la plupart des enfants entrent déjà à l'école dès trois ans. Sur l'année scolaire 2015-2016 (derniers chiffres connus), 97,6% des petits âgés de trois ans fréquentaient une école maternelle, selon la Depp, le département statistiques du ministère de l'Education.
De nombreuses disparités existent sur le territoire, puisque le taux est par exemple de 87% en Corse, de plus de 93% à Paris, mais de moins de 70% en Guyane et à Mayotte. Dans certaines zones, le taux d'absentéisme est en outre important car l'école maternelle n'est pas considérée comme indispensable.
Une mesure de "lutte contre la pauvreté". "Ce chiffre moyen couvre des inégalités diverses, derrière il y a des pratiques profondément différentes d'un territoire à l'autre", a toutefois insisté le chef de l'Etat. Il est notamment beaucoup plus bas en Outre-Mer. Ce chiffre recouvre aussi des "disparités dans la journée", puisque "ce sont dans les quartiers les plus défavorisés que souvent, on ne va pas remettre l'enfant à l'école" l'après-midi, "parce qu'on ne peut pas ou on veut pas payer la cantine", a-t-il relevé. "Je souhaite que par cette obligation, à partir de la rentrée 2019, nous puissions (...) corriger ce différentiel qui n'est plus acceptable", a poursuivi le chef de l'Etat, inscrivant cette mesure "dans l'action menée pour lutter contre la pauvreté".
Un taux d'encadrement relativement faible. La mesure devrait être effective pour la rentrée 2019. Elle nécessitera la création d'environ 800 postes. "Contrairement à une crainte des syndicats, on n'aura pas besoin de prendre des postes en maternelle pour dédoubler les classes en REP+" (réseaux d'éducation prioritaire renforcés), une des mesures phares du quinquennat qui doit s'étendre jusqu'en 2019, assure-t-on au cabinet du ministre. Reste qu'avec un enseignant pour 22 enfants, la France présente un taux d'encadrement plus faible que les moyennes de l'Union européenne (un pour 13), selon une récente note de France Stratégie (organisme rattaché à Matignon).
Réforme de la formation des professeurs. Emmanuel Macron devrait aussi annoncer une réforme de la formation initiale et continue des professeurs en maternelle, ainsi que des Atsem, ces agents territoriaux qui assistent les instits dans les classes. "Les professeurs des écoles sont souvent très qualifiés mais peu spécialisés pour enseigner à l'école maternelle", relève-t-on au cabinet de Jean-Michel Blanquer. Leur niveau universitaire "n'est pas toujours adapté à la fonction sécurisante qu'ils doivent offrir aux enfants", a aussi souligné le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, chargé de préparer les assises.
Pas de changement de programme. Pas question en revanche de toucher aux programmes de maternelle, revus en 2015, qui font la part belle au langage, à la socialisation et au jeu, et qui ont été plébiscités par la communauté éducative. Le gouvernement entend "donner une place plus importante à l'épanouissement" des enfants à l'école. "Ce n'est pas les programmes mais leur mise en oeuvre qu'il faut changer", selon le cabinet du ministre de l'Education. Pour cela, les syndicats attendent davantage de moyens.