L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) lance un cri d'alerte. Dans un contexte de difficultés financières des opérateurs EDF et Areva, elle craint que la sécurité des centrales nucléaires françaises passe au second plan. L'an dernier, pas moins de 800 incidents ont été répertoriés sur l'ensemble des centrales, dont 70 considérés comme des anomalies sérieuses.
Des travaux coûteux. Presque tous les 58 réacteurs en France se rapprochent de la barre fatidique des 40 ans, et ils n'ont pas été conçus pour durer plus longtemps. Leur remise en état nécessite de lourds travaux. Le problème pour l'ASN, c'est la situation financière d'EDF et d'Areva, deux des grands opérateurs de la filière nucléaire. Elle craint qu'ils repoussent à plus tard les travaux. "Dans un contexte de restrictions budgétaires, on peut avoir tendance à différer des investissements de sûreté. Mais nous pourrons être amené à sanctionner si les délais ne sont pas respectés", met en garde Pierre-Franck Chevet, le directeur de l'ASN.
Trois centrales, bonnes élèves du nucléaire. Parmi les 19 centrales françaises, trois se distinguent positivement. Les centrales de Penly (Seine-Maritime), de Saint-Laurent-des-eaux (Loir-et-Cher) et, étonnamment celle de Fessenheim (Haut-Rhin), souvent critiquée, tirent leur épingle du jeu. En revanche, deux centrales, Cruas (Ardèche) et Gravelines (Nord), sont en-dessous des normes moyennes.
Plus de moyens pour l'ASN. L'Autorité de sûreté nucléaire demande plus de moyens. Elle estime que ses 1.000 salariés ne suffisent plus pour surveiller correctement l'ensemble du parc français.
Alors que toutes les centrales nucléaires françaises sont entrées en grève contre la loi Travail, le mouvement ne devrait pas impacter leur sécurité. Les conditions de droit de grève dans ce secteur sont très encadrées avec des effectifs minimaux à respecter aux postes clés pour assurer le bon fonctionnement des centrales.