La "ville du futur" sera-t-elle... sur l'eau, à un ou deux kilomètres des côtes ?
Et si les villes côtières déménageaient pour se transformer en cités flottantes ? Jean-Pierre Montanay présente dans sa chronique sur Europe 1 ce projet de villes du futur, pensé par l'architecte danois Bjarke Ingels.
Près de 50% de la population mondiale vit près des côtes, des zones directement menacées par la montée des eaux liée au dérèglement climatique. Et si les villes côtières, pour éviter la submersion, déménageaient pour devenir des cités flottantes ? C'est le projet de l'architecte danois Bjarke Ingels. Ces villes ressembleraient à un nénuphar géant dont les feuilles seraient des plates-formes - une trentaine au total - toutes reliées entre elles. Vue de haut, l'ensemble aurait la forme d'un hexagone avec un port en son centre.
S'étendant sur 75 hectares, ce type de cité maritime pourrait accueillir 10.000 habitants. La ville flottante serait ancrée à un ou deux kilomètres des côtes. Aucune volonté ici d'éloigner les terriens de leur zone de confort : cette distance permettrait d'être à l'abri des tsunamis. De plus, les bâtiments, de sept étages maximum et construits en matériaux durables comme le bois ou le bambou, seraient capables de résister à des ouragans de force 5.
Energie solaire, coquillages et eau de pluie
Niveau fonctionnement, ces villes aquatiques seraient autosuffisantes. Elles fourniraient à leurs habitants de l'eau, de la nourriture et de l'énergie essentiellement solaire. Elles puiseraient leurs ressources dans la mer avec des élevages de coquillages, de poissons et d'algues tandis que des fermes installées sur les immeubles approvisionneraient la population en fruits et légumes. Pour l'eau potable, la pluie serait précieusement collectée et des stations de désalinisation bâties. Les déchets, eux, seraient envoyés via des tubes vers le continent pour y être recyclés. Côté déplacement sur l'archipel, enfin, il y aurait des vélos, des bateaux électriques et, pour les liaisons avec le continent, des taxis volants autonomes et propres.
De la science-fiction ? Pas tout à fait ! Une ville témoin devrait bientôt voir le jour au large de New-York, aux Etats-Unis. A terme, ces cités flottantes seraient d'abord destinées aux réfugiés climatiques, délogés par la montée des eaux plus rapide et plus haute que prévu. D'ici 2100, le niveau des océans pourrait grimper de 40 à 80 centimètres, ce qui menacerait directement plus d'un milliard d'individus.
Un projet soutenu par l'ONU
D'ici là, l'objectif de l'architecte danois serait de pré-fabriquer ces villes sur la terre ferme puis de les remorquer au large afin de réduire les coûts de construction. Le but étant de faire des logements abordables pouvant aussi être déployés en urgence, aussi bien au large de Miami que de Bombay dès que les premiers habitants auront les pieds dans l’eau.
Alors, exercice de style architectural et utopiste ou véritable révolution ? En tout cas, l'Organisation des nations unies (ONU) soutient le projet car la montée des eaux, elle, est bien réelle.