À Strasbourg, un hommage aux «Malgré-Nous», ces Alsaciens et Mosellans enrôlés de force dans l’armée allemande dès 1942
En 1942, Hitler force 100.000 Alsaciens et 30.000 Mosellans à s'enrôler dans l'armée du Troisième Reich. Une histoire tragique et méconnue pour ces infortunés qui ont dû combattre les leurs. Aujourd'hui surnommés les "Malgré-Nous", ils sont au cœur d'une cérémonie d'hommage ce dimanche dans la cathédrale de Strasbourg.
C’est un chapitre méconnu mais tragique de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Les "Malgré-Nous", ces 100.000 Alsaciens et 30.000 Mosellans enrôlés de force dans l’armée du Troisième Reich. En effet, après l’armistice de 1940, l’Alsace et la Moselle, ainsi qu’une partie du Luxembourg et de la Belgique, sont cédées à l’Allemagne nazie.
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Une histoire tragique
Hitler considère donc les habitants de ces territoires comme des Allemands et les force dès 1942 à combattre les Alliés auxquels ils appartenaient jusqu’alors. En novembre dernier, à l’occasion des 80 ans de la Libération de Strasbourg, Emmanuel Macron a rendu hommage à l’histoire "tragique" des "Malgré-Nous", affirmant vouloir rendre l’enseignement obligatoire à l’école de ce sombre épisode.
Cet après-midi, à 15 heures, une cérémonie en hommage aux "Malgré-Nous" se tiendra dans la cathédrale de Strasbourg, en présence de quelques-uns des derniers d’entre eux, aujourd’hui centenaires. Un moment qui promet d’être émouvant pour les descendants de Malgré-Nous.
"Elle a barré toutes les croix gammées sur la manche"
"C'est une photo de maman, une 'Malgré-Elle', incorporée de force en Allemagne. Sur son costume militaire, elle a barré toutes les croix gammées sur la manche". C'est avec émotion que Michelle et sa sœur Françoise redécouvrent leurs vieilles photos de famille. Comme un peu plus de 100.000 Alsaciens lors de la Seconde Guerre mondiale, leurs mères, leurs pères et plusieurs de leurs oncles ont été des "Malgré-Nous" enrôlés de force dans l'armée allemande.
"Nos parents étaient pro-français, je crois qu'on peut le dire vraiment très clairement. Quel choix ils avaient ? C'était ça ou mourir. Eux ou alors la déportation de leur famille... C'était écartelé quoi ! Ils n'avaient vraiment pas le choix", raconte Michelle.
Une cérémonie pour "réhabiliter" les Malgré-Nous
Comme beaucoup de "Malgré-Nous", pour éviter les désertions, le père de Françoise et Michel est envoyé sur le front russe, il finira par s'enfuir lors d'une permission. Longtemps, les "Malgré-Nous" ont été assimilés à des sympathisants, des nazis, voire des collabos. Leur histoire reste méconnue. Alors pour les deux sœurs, il est plus que temps de les réhabiliter lors de cette cérémonie à Strasbourg.
"C'est une très bonne initiative, vraiment. En hommage à tous ceux, comme ceux de notre famille, qui ont été concernés par ça", concluent-elles toutes les deux. Une vingtaine de "Malgré-Nous", aujourd'hui centenaires, devraient assister à cet hommage.