Lambert Wilson 2:08
  • Copié
Mathilde Durand , modifié à
Le comédien Lambert Wilson, engagé sur les questions environnementales, fustige les états "qui ne prennent pas soin des habitants de la Terre". A la veille de la COP 25, il appelle les décideurs politiques à "véritablement se réveiller". Selon lui, il est "trop tard" pour les petits gestes.
INTERVIEW

A la veille de l'ouverture de la COP 25 à Madrid, le comédien Lambert Wilson, très engagé auprès de Greenpeace et pour l'environnement était sur Europe 1. "C’est la même raison me pousse à vouloir m’engager sur des questions sociales, c’est l’injustice. Et cela me met hors de moi. C'est l'injustice faite aux humains par les Etats de ne pas prendre soin des habitants de la Terre." Une conscience environnementale qui lui vient de son éducation. "Mes parents étaient un peu dans la génération des hippies. Ils n'étaient pas vraiment dans le système, pas dans la productivité mais plutôt dans une observation éclairée du monde."

L'acteur fustige le titre de la COP 25 "Time for action". "C’est pathétique comme titre. Le 'time for action', c'était il y’a longtemps. Il faut véritablement se réveiller. Et c'est complètement hallucinant de le dire mais il faut faire respecter les accords pris entre les Etats de la COP 21 de Paris. Les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté à travers le monde. Nous sommes nous les Français, de très mauvais élèves, les émissions continuent de monter en France par rapport aux objectifs fixés."

 

"Le Giec nous annonce des choses terribles !", s'alarme le comédien. "En 2100, c'est à dire la génération des bébés de maintenant, la température du globe va monter de sept degrés. Il y aura beaucoup d'endroits dans le monde où on ne pourra pas vivre du tout !" 

"Emmanuel Macron privilégie le même système"

Pour l'instant le président de la République Emmanuel Macron ne se rendra pas à la COP 25, souhaitant rester dans l'Hexagone pour faire face à la grève du 5 décembre. Une situation comprise par l'acteur qui alerte tout de même sur le rôle à jouer de la France dans la lutte contre le réchauffement climatique. "Il faut que la France prenne la parole pour faire respecter les accords, qu'elle s'engage elle-même et qu'elle soit une voix forte contre les dérives des états comme les Etats-Unis ou le Japon, qu'elle engage les états comme la Chine." 

Une voix forte pour porter les questions d'écologie que Lambert Wilson n'entend pas dans l'espace public, y compris chez le président de la République, malgré certaines oppositions fortes comme celle contre Jair Bolsonaro sur les incendies en Amazonie. "Il est fort dans les confrontations internationales et dans les grandes prises de parole. Mais il privilégie le même système, capitaliste, basé sur la production, les énergies fossiles et la consommation. Il défend ce système donc il ne fait rien pour que ça aille dans le bon sens."

"Trop tard" pour les petits gestes

L'acteur est également revenu sur une tribune publiée dans le Monde. Une soixantaine d'artistes se sont engagés à respecter 42 petits gestes pour l'environnement dans leurs vies personnelles et professionnelles. "Ces gestes vertueux permettent de donner une image, de faire réfléchir c'est bien mais c'est trop tard", réagit le comédien Lambert Wilson. "Ce qui compte ce sont des actions beaucoup plus fortes : faire plier les gouvernements qui vont ensuite agir sur les grandes entreprises les plus polluantes. Ce qu'on prône maintenant c'est la désobéissance civile : des grèves professionnelles, estudiantines, des recours à la justice contre les états, rien ne va changer sinon. Il faut des décisions beaucoup plus grandes sinon on n'arrivera pas à respecter l'objectif."

Si l'acteur se dit prêt à mener des actions de désobéissance civile pour l'environnement, il réfute en revanche tout engagement en politique sur une liste Europe Ecologie les Verts pour les municipales. "Je respecte le dévouement des hommes politiques pour leur cause, mais je crois que c'est très bien pour moi d'être toujours avec les associations. Dès qu'on est en position de pouvoir politique, on risque trop facilement de perdre son âme."