L'anorexie mentale, qui touche surtout les jeunes filles, ne s'expliquerait pas par la peur de grossir, mais par le plaisir de maigrir, selon une étude publiée dans la revue Translational Psychiatry.
Une addiction comme une autre ? Pour parvenir à cette conclusion, des médecins ont équipé 50 jeunes filles de capteurs sur la peau pour mesurer leur niveau de transpiration, un moyen de mesurer l'émotion qu'elles ressentent. Exposées ensuite à des silhouettes de poids normal ou en surpoids, le test n'a rapporté aucune émotion particulière. En revanche, face à des images de maigreur, il a révélé de fortes sensations positives, comme des "shoots" de plaisir.
Selon le psychiatre Philip Gorwood, cette étude pourrait changer la façon de traiter l'anorexie : "ça ouvre de nouvelles portes dans le sens où, au lieu de s'acharner à essayer de réduire le mal-être du surpoids est-ce qu'on ne peut pas avoir d'autres approches thérapeutiques ?". Et le chercheur de citer comme exemple "celles qu'on utilise dans les addictions".
Beaucoup moins fréquente que la boulimie. Cette pathologie rare, à composante génétique, prédomine chez les filles (9 filles pour un garçon) et toucherait de 0,2 % à 0,5% de la population, avec un pic chez les 13 à 25 ans, selon le Pr Philip Gorwoord (Inserm, chef de service à l'hôpital Saint-Anne, Paris). Beaucoup moins fréquente que la boulimie (5 boulimiques pour une anorexie mentale), l'anorexie a la plus forte mortalité suicidaire de toutes les pathologies mentales (bipolaires, schizophrènes...), selon ce spécialiste qui a dirigé l'étude parue dans la revue spécialisée Translational Psychiatry.
"Des rémissions réelles dans un tiers des cas". "On est très démuni au niveau thérapeutique, et aucun pays n'a de médicament ayant une AMM (autorisation de mise sur le marché) pour l'anorexie", remarque-t-il évoquant "des rémissions réelles dans un tiers des cas" seulement. L'anorexie a une forte héritabilité (70%), selon des études antérieures notamment sur des familles et des jumeaux. Mais, "il n'y a pas de gène de l'anorexie, mais des gènes de vulnérabilité" vis-à-vis de ce trouble, indique Philipp Gorwood.