L'Aude, une semaine après : "Le village meurt"

Le village sinistré de Villegailhenc, dans l'Aude, le 17 octobre dernier.
Le village sinistré de Villegailhenc, dans l'Aude, le 17 octobre dernier. © AFP
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Matthieu Bock, édité par Guillaume Perrodeau
L'état de catastrophe naturelle a été reconnu dans 126 communes du département. Et alors que les habitants sont toujours affairés au nettoyage, certains ont peur que les conséquences des inondations soient irréversibles.
REPORTAGE

Après les inondations meurtrières du début de semaine, où 14 personnes ont perdu la vie, l’Aude panse ses plaies. Les centres-villes, d’habitude très vivants, sont désertés, dévastés par le torrent de boue. Les habitants redoutent que leurs villes ne s'éteignent à petit feu, faute de dynamisme, comme à Villegailhenc.

"Les commerces de proximités sont très importants dans les villages". Devant sa boucherie dévasté, Gérard regarde le trou béant qui se trouve à la place du pont. Même si les experts viennent de passer dans sa boutique, tant que le pont n'est pas réparé, cela ne sert à rien de rouvrir. "Le village meurt. Le pont est le passage obligé pour passer derrière la Montagne Noire donc forcément, cela draine des milliers de personnes par jour", décrit Gérard. "Les commerces de proximités sont très importants dans les villages comme celui-là, c’est ce qui les fait vivre", souligne le boulanger.

"Le premier qui ouvrira sa boutique, il donnera un peu de dynamisme au village". Une peur qui n'accompagne pas seulement le village de Villegailhenc. Partout, dans l'Aude, la crainte que les bourgades ne s'en sortent pas est grande. À Trèbes, le pont est toujours debout, mais les voitures passent sans s'arrêter. Les magasins semblent abandonnés. Kamel veut y croire. Il frotte vigoureusement le sol de sa rôtisserie. "Je vais faire le nécessaire pour rouvrir le plus tôt possible, je tourne sur mes fonds, je n'ai pas de crédit bancaire, c'est dans mon intérêt et celui du village de rouvrir", confie-t-il.

Selon lui, un long travail commence. Il se donne deux semaines pour afficher "ouvert" en devanture de sa vitrine. "Le premier qui ouvrira sa boutique, il donnera un peu de dynamisme au village et les gens arriveront à passer à autre chose", confie-t-il. Jeudi, l'état de catastrophe naturelle avait été reconnu dans 126 communes du département.