Le burkini à la plage, une interdiction qui fait des vagues

© LOIC VENANCE / AFP
  • Copié
, modifié à
Une sortie piscine controversée, des arrêtés qui font bondir les associations … Le burkini, ce maillot de bain couvrant utilisé par des femmes musulmanes, est au cœur d’une polémique qui ne cesse d’enfler. 

C’est un bout de tissu qui enflamme les débats et qui cet été, est devenu le symbole des crispations communautaires. Le burkini, ce maillot de bain couvrant que portent certaines femmes musulmanes, fait polémique. Après l’épisode du parc aquatique dans les Bouches-du-Rhônes, c’est maintenant au tour des arrêtés municipaux anti-burkini de susciter la controverse. Retour sur un feuilleton que va devoir trancher la plus haute instance juridique, le Conseil d’Etat.

Speed Water, une sortie piscine controversée. La polémique est venue d’élus de droite et du Front national. Le 3 août, ils sont plusieurs à l’instar du sénateur-maire FN de Marseille, Stéphane Ravier, ou de la députée LR des Bouches-du-Rhône, Valérie Boyer, à dénoncer la tenue début septembre d’une sortie piscine dans un parc privé, le Speed Water Park, situé dans les Bouches-du-Rhône. Une sortie piscine, organisée par l’association Smile 13 qui souhaitait accueillir uniquement les femmes, qui avec leurs enfants, sont désireuses de se baigner "en burkini et jilbeb de bain". Face à la polémique, c’est finalement le directeur du centre aquatique qui a renoncé le 9 août à louer ses installations à l’association.

L’arrêté anti-burkini du maire de Cannes. Mais le burkini revient par une autre porte. Le 12 août, Nice Matin révèle que le maire de Cannes a pris le 28 juillet un arrêté interdisant sur les plages de sa ville les tenues de plage "manifestant de manière ostentatoire une appartenance religieuse". Là encore, l’annonce fait scandale et divise. Des associations contestent cette décision dont le Collectif contre l’Islamophobie en France (CCIF) qui porte l’affaire en justice.

Le lendemain, le tribunal administratif de Nice rejette la demande de suspension, en référé-liberté, de l’arrêté municipal. La justice estime notamment que "dans le contexte d'état d'urgence et des récents attentats islamistes survenus notamment à Nice il y a un mois (...) le port d'une tenue vestimentaire distinctive, autre que celle d'une tenue habituelle de bain, peut en effet être interprétée comme n'étant pas, dans ce contexte, qu'un simple signe de religiosité". Le CCIF va maintenant aller devant le Conseil d’Etat et ne s’imagine pas perdre. "Je les vois très mal valider l’arrêté, ils vont dire que c’est une restriction abusive", explique à Europe 1 Marwan Muhammad.

Une autre commune lui emboîte le pas. Mais, entre-temps, une autre commune a pris un arrêté similaire le 5 août. Lionnel Lucas, député-maire LR de Villeneuve-Loubet, dans les Alpes-Maritimes, a en effet décidé d’interdire la baignade à "toute personne ne disposant pas d’une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et du principe de laïcité, et respectant les règles d’hygiène et de sécurité adaptées au domaine public maritime". Un appel aux citoyennes de Villeneuve-Loubet a été lancé par la Fédération des musulmans du Sud pour qu’elles s’associent à une procédure en justice contre la mairie de cette ville. 

Après de violents affrontements, la Corse. Dernier épisode en date, celui de la Corse. Mais, cette fois-ci, l’arrêté anti-burkini, pris par le maire de Sisco, s’inscrit dans un contexte local bien particulier. En effet, dimanche 14 août, une violente rixe éclate entre des jeunes corses et des familles d’origine maghrébine. Selon des témoins, la rixe avait éclaté alors que plusieurs femmes qui se baignaient en burkini étaient prises en photo par des touristes. Dès mardi, un arrêté anti-burkini sera donc appliqué sur les plages de la commune. Le troisième en l’espace de quelques jours. 

 

Le burkini, qu'est-ce que c'est ? Ce maillot de bain est assez récent puisqu'il a été créé, il y a une dizaine d'années en Australie, par une styliste d'origine libanaise. Il est né de la contraction des mots "burqa" et "bikini". Concrètement, le burkini se compose de plusieurs vêtements, souvent en polyester, qui couvrent tout le corps, à l'exception du visage, des mains et des pieds. En France, cette tenue est prohibée dans les piscines, pour des raisons d'hygiène.