L'impossibilité d'avoir un enfant est "une souffrance" qui "doit être prise en compte", même si les raisons ne sont pas biologiques, réaffirme mardi le Comité d'éthique dans un avis très attendu, qui ouvre la porte à l'extension de la PMA (procréation médicalement assistée) aux couples de femmes et aux femmes seules. Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) s'était déjà prononcé en 2017 pour l'extension de la PMA, à laquelle est favorable le président Macron. Il renouvelle aussi son opposition à la GPA (gestation pour autrui, c'est-à-dire le recours à une mère porteuse).
"Prendre en compte la souffrance". Selon lui, l'extension de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules "peut se concevoir, notamment pour pallier une souffrance induite par une infécondité résultant d'orientations personnelles". "Cette souffrance doit être prise en compte", juge-t-il.
"Anticiper les conséquences" sur les "dons de sperme". Le CCNE souligne que l'extension de la PMA va entraîner "une nouvelle demande en matière de don de sperme". Il juge "essentiel d'anticiper les conséquences sur la capacité des Cecos (Centres d'étude et de conservation du sperme humain)" à y répondre. Le Comité est par ailleurs favorable à "la levée de l'anonymat des futurs donneurs de sperme", sous réserve qu'ils soient d'accord.
Débattu au Parlement début 2019. Le Comité réaffirme cette position avant que s'enclenche un processus politique : l'avis publié mardi, qui porte au total sur neuf thèmes, doit nourrir les discussions parlementaires sur la prochaine révision de la loi de bioéthique. Le gouvernement a prévu de présenter avant la fin de l'année un projet de loi qui sera débattu par le Parlement début 2019.
Refus de la GPA, "exploitation de la femme". S'il est favorable à la PMA pour toutes, il justifie son opposition à la GPA par de grands principes éthiques : "respect de la personne humaine, refus de l'exploitation de la femme, refus de la réification de l'enfant, indisponibilité du corps humain et de la personne humaine". À la fin de son avis, le CCNE préconise de réviser les lois de bioéthique tous les cinq ans (contre sept actuellement), pour tenir compte de l'accélération des "évolutions scientifiques et sociétales".