Le Défenseur des droits Jacques Toubon s'est inquiété mardi d'une logique de "tri" entre "bons" et "mauvais" migrants, dans la politique du gouvernement, dont il a vivement critiqué les orientations et le projet de loi.
"Il faut refuser cette distinction". "La volonté des pouvoirs publics actuels de considérer qu'il existe des bons et des mauvais migrants, des migrants accueillables et d'autres rejetables par une sorte de tri" est "une erreur absolue", a affirmé Jacques Toubon lors d'un colloque organisé par le Samusocial au Musée de l'Immigration. "Il faut refuser cette distinction" entre "les demandeurs d'asile et les autres", a-t-il ajouté, alors que le chef de l'État a fait de cette dichotomie une ligne directrice en matière d'immigration.
Cette idée de tri "a pour effet de percoler dans l'opinion publique un discrédit sur l'ensemble des étrangers", a ajouté Jacques Toubon, habitué des sorties critiques sur le sujet. De plus, il est devenu "très difficile" d'exiger que les multiples causes de migration - changement climatique, pauvreté - répondent "strictement aux dispositions de la convention de Genève de 1951" sur le droit d'asile, a-t-il ajouté. Ces migrants sont "poussés par une nécessité vitale", pas par la volonté de bénéficier de "telle ou telle prestation", a-t-il ajouté, critiquant la thèse de l'"appel d'air" largement répandue en Europe. "Il y a une erreur complète de perspective historique et sociologique" dans cette lecture, mais "évidemment ça arrange de dire aux opinions publiques : ceux qui sont bien, les victimes de guerre, je les prends, mais les autres je les attrape au collet et je les expulserai le plus rapidement possible", a-t-il dit.
Critiques à l'égard de la politique gouvernementale en la matière. "C'est le thème du futur projet de loi préparé par le ministre de l'Intérieur", a-t-il rappelé. Ce texte veut améliorer l'accueil des réfugiés, durcir la reconduite des étrangers en situation irrégulière et réduire les délais de traitement des demandes d'asile. Là aussi, JacquesToubon s'est montré critique, assurant que "si on veut arriver à compacter au maximum les délais, on risque de manquer la réalité de la situation" du demandeur.
Il s'est enfin dit "particulièrement préoccupé" par la mise en oeuvre du Programme d'accueil et d'hébergement des demandeurs d'asile (Prahda), dont "l'un des objectifs de préparer le transfert des personnes sous procédure Dublin" qui prévoit de renvoyer les migrants vers le pays d'Europe où ils sont déjà enregistrés.