Plus de 6.000 personnes ont défilé mercredi à Romans-sur-Isère pour rendre hommage à Thomas, 16 ans, décédé dimanche de blessures reçues en marge d'un bal de village dans la Drôme. Mercredi soir, Emmanuel Macron a dénoncé "le terrible assassinat" de l'adolescent, "une agression qui nous a tous marqués". Pour Thibault de Montbrial, avocat et président du Centre de Réflexion sur la Sécurité Intérieure, invité de La Grande interview Europe 1-CNews jeudi, ce drame "est l'illustration même de cette montée constante et de plus en plus rapide de la violence en France".
"Quand on va s'amuser entre copains, on n'emmène pas des outils qui peuvent tuer"
"C'est une explosion de violence : un mort, deux blessés graves, plusieurs blessés avec des armes de guerre, parce que les couteaux à longues lames, ça s'appelle des baïonnettes. Quand on va s'amuser entre copains, on n'emmène pas des outils qui peuvent tuer et on ne les sort pas à la première frustration venue", a-t-il lancé avant d'ajouter que "les drames de cette nature sont des faits politiques".
"Ce sont des faits graves qui impliquent la société et la façon dont nous vivons ensemble. Nous avons une augmentation constante de la violence, une augmentation de son intensité et une baisse de son seuil de déclenchement, donc ce sont des faits politiques, sinon c'est quoi l'alternative, le déni ?", a-t-il interrogé.
Au micro d'Europe 1-CNews, le président du Centre de Réflexion sur la Sécurité Intérieure a également tenu responsable l'État. "Si le fait n'est pas intégré politiquement et traiter politiquement, y compris dans l'acceptation d'une exigence d'un choc d'autorité avec une reprise en main par la police et par la justice, il va y avoir des bandes organisées qui vont se mettre en place pour protéger les fêtes avec des gens qui vont descendre avec leur fusil", a-t-il prévenu.
Un drame qui illustre l'ampleur des fractures françaises
Neuf jeunes ont été interpellés et placés en garde à vue mardi dans le cadre de l'enquête pour "meurtre" et "tentatives de meurtres en bande organisée" menée par les gendarmes après le drame survenu devant la salle des fêtes du village de Crépol. Parmi ces jeunes, quatre sont déjà connus des services de police et ont déjà été condamnés pour des motifs divers et variés : infractions au Code de la route ou à la législation sur les stupéfiants, mais aussi recel de vol, violences aggravées ou outrage sur personne dépositaire de l'autorité publique.
Pour l'avocat, ce drame montre deux choses. D'une part, la présence de fractures territoriales, ethniques, culturelles en France. Et d'autre part, l'absence de crainte de ces délinquants. "Ces délinquants n'ont plus aucune crainte ni de la justice, ni de la police, ni de tout ce qui représente l'autorité dans un pays démocratique."