Mohamed Abdeslam, le frère du dernier survivant du commando responsable des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, a demandé lundi au jeune djihadiste de s'exprimer devant la justice française.
Plus d'avocats. Les avocats de Salah Abdeslam ont annoncé le 12 octobre qu'ils renonçaient à assurer la défense du djihadiste en raison de son mutisme, qu'ils attribuent en partie à ses conditions de détention. "Nous savons et nous avons la conviction, et il nous l'a dit, qu'il ne s'exprimera pas et qu'il appliquera le droit au silence", avait expliqué Frank Berton, qui assurait la défense du jeune homme avec son confrère belge Sven Mary.
"C'est une autre personne". "Je demande à mon frère de s'exprimer", a déclaré lundi Mohamed Abdeslam sur RTL, rappelant avoir appelé Salah Abdeslam à se rendre à la justice "quelques jours après les événements de Paris". Selon Mohamed Abdeslam, son frère s'était déclaré "prêt à s'exprimer" lorsqu'il lui avait rendu visite en prison en Belgique. "Quelques mois après, c'est une autre personne que j'ai en face de moi. J'ai constaté qu'il était plus en retrait, plus renfermé sur lui-même", a-t-il ajouté, précisant avoir vu son frère il y a un mois.
Mutique à cause de la vidéosurveillance. Franck Berton et Sven Mary ont mis en cause la vidéosurveillance continue imposée à leur ancien client incarcéré à Fleury-Mérogis (Essonne), jugeant qu'elle était la principale cause de son mutisme et qu'elle avait été prise pour des raisons politiques. Mohamed Abdeslam a estimé lui aussi que ces conditions de détention le "renferment sur lui-même". "Il est encore plus radicalisé que déradicalisé", a-t-il dit.
Une manipulation ? Mais pour Olivier Morice, avocat de plusieurs familles de victimes du Bataclan, l'annonce des défenseurs du djihadiste est une "manipulation qui consiste à essayer de présenter Salah Abdeslam comme une victime, de déplacer la réalité du débat judiciaire". "Je dénonce une forme de cynisme de la part de Salah Abdeslam et de ses conseils", a-t-il ajouté.