Chaque année, plus de 100.000 chiens et chats sont abandonnés en France. Lundi, le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, a détaillé le plan du gouvernement de protection des animaux de compagnie. Il souhaite durcir les sanctions, jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende pour toute personne abandonnant son animal, mais également sensibiliser le grand public au danger des achats impulsifs d'animaux.
Pour la Société protectrice des animaux (SPA), sanctionner c'est bien, mais il faut effectivement avant tout prévenir les abandons avant qu'ils ne soient commis. Ce qui est intéressant dans le plan du gouvernement "c'est la précaution selon laquelle on invite les gens à comprendre ce qu'est un animal, quels sont ses besoins physiologiques avant de l'acheter ou avant de l'adopter. Et puis, c'est l'intervention de la protection animale auprès des écoles, auprès des jeunes, de façon à les sensibiliser. C'est ce que nous faisons", estime Jean-Charles Fombonne, le président de la SPA au micro d'Europe 1.
Une explosion des adoptions pendant le confinement
Si les abandons augmentent, c'est en effet d'abord parce que les adoptions sur un coup de tête explosent. "Les gens ont eu besoin, à cause du confinement, de retrouver un peu le côté nature, de trouver une excuse pour sortir et une occupation pendant les journées très longues à la maison", témoigne Stéphanie, éleveuse de bergers australiens. Avec la pandémie de Covid-19, les adoptions d'animaux de compagnie, et notamment de chiens, sont montées en flèche.
C'est également ce que rapporte Marie, qui élève elle aussi des bergers australiens. "Il y a beaucoup d'exigences, parfois on me demande même de livrer. Les gens me disent souvent que le confinement leur a permis de réfléchir à prendre un chien parce qu'ils ont maintenant une maison avec jardin", explique-t-elle. Mais le problème, c'est que ces acheteurs fraîchement convertis "veulent un bébé clé en main, qui réponde tout de suite au doigt et à l'œil, qui soit propre et que l'on puisse sortir partout". Au risque, donc, de tomber de haut en découvrant ce qu'implique la possession d'un animal de compagnie. "C'est joli le petit nounours à deux mois mais quand il devient grand... Il a des besoins ce chien !"
"C'est malsain d'essayer de tirer de l'argent d'un chien qu'on a décidé d'abandonner"
Ces personnes sont alors susceptibles de changer d'avis et de se débarrasser de leurs animaux, souvent sur internet. Dans le viseur du gouvernement : le site de vente entre particuliers Le Bon coin, où les propriétaires vendent ceux dont ils ne veulent plus.
Photo, prix, description, c'est sur ce site qu'Emilie, 24 ans, a flashé sur Fripouille, un chiot d'un mois et demi. Sevré et vacciné... mais seulement sur l'annonce. "C'était un chien qui n'avait jamais vu un vétérinaire et qui n'avait jamais été identifié ou quoi que ce soit. C'est que ce qui nous a choqué parce que la dame nous avait dit que l'on payait 150 euros justement parce que tout ça avait été fait", raconte-t-elle. La jeune femme garde un sentiment amer de cette expérience. "C'est vraiment malsain d'essayer de tirer de l'argent d'un chien qu'on a décidé, dans le fond, d'abandonner."
"C'est de la poudre aux yeux"
Une situation qui ne devrait plus arriver selon le plan du gouvernement. Le Bon Coin s'engage, dans une charte, à préciser le numéro d'identification de l'animal, son âge, sa race et ses vaccinations, sur chaque annonce. Mais selon Jean-Charles Fombonne, cette charte n'est pas une avancée : "C'est de la poudre aux yeux. On ne voit pas comment Le Bon Coin ou un autre site pourrait contrôler ce que demande le ministre."
De plus, "le fait que les animaux de moins de huit semaines ou ceux qui ne sont pas identifiés ne puissent pas être vendus existe déjà dans la loi", lance-t-il. L'association demande donc l'interdiction pure et simple de la vente d'animaux sur les sites de petites annonces et les réseaux sociaux.