"Tous debout place de la République !" C'est le slogan choisi par Alliance, le premier syndicat de gardiens de la paix. Mercredi, les policiers ont rendez-vous à Paris pour dénoncer la "haine anti-flic", après deux mois émaillés de violents affrontements en marge des manifestations contre la loi Travail.
Les gardiens de la paix se réuniront à midi, place de la République, là où plusieurs rassemblements du mouvement "Nuit debout" se sont achevés par des affrontements avec la police, depuis le 31 mars. Jean-Claude Delage, secrétaire général d'Alliance, assure que le choix du lieu s'est fait "sans malice". Des rassemblements similaires seront organisés dans une cinquantaine d'autres villes de France, devant les hôtels de police.
- Pourquoi cette manifestation ?
"C'est un ras-le-bol", résume à Europe 1 Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint d'Alliance, à l'origine de l'appel à manifester. Il évoque les opérations de maintien de l'ordre à Calais, la lutte antiterroriste, les mesures de sécurité prises pour la COP21 et celles à venir pour l'Euro… "Alors, les manifestations à répétition en ce moment, avec des casseurs violents, habitués de la guérilla urbaine, c'est trop", explique-t-il.
À ce "ras-le-bol" viennent s'ajouter les critiques dont font l'objet les forces de l'ordre. "Elles viennent des casseurs, mais aussi des institutionnels", poursuit Frédéric Lagache. "Il suffit de voir l'affiche de la CGT, ou les prises de position de FO sur la répression policière", détaille-t-il. "Certains responsables politiques de gauche" ont également mis en cause le gouvernement dans sa gestion du maintien de l'ordre après l'incident dans lequel un manifestant a perdu l'usage d'un oeil, à Rennes, ajoute le secrétaire général. "Et les mecs qu'on critique à longueur de journée enchaînent les heures supplémentaires, ils sont exténués."
- Qu'espèrent les policiers ?
"Nous attendons un sursaut de la population", explique Frédéric Lagache, pour qui les voix critiques de l'action policière sont "minoritaires". "La majorité de la population nous soutient et sait qu'on fait bien notre travail", estime-t-il. Pour le secrétaire général, qui rappelle que 300 policiers et gendarmes ont été blessés depuis le début de la mobilisation contre la loi Travail, ce rassemblement est d'abord une question d'image. "On ne peut pas laisser dire que nous sommes des brutes épaisses".
"Nous ripostons à une campagne de dénigrement", abonde Patrice Ribeiro, de Synergie, le second syndicat d'officiers, qui s'est rallié à l'appel d'Alliance. Des slogans virulents comme "Tout le monde déteste la police" accompagnent depuis deux mois les défilés contre la loi Travail. "Alors qu'au lendemain des attentats de janvier 2015, nous étions applaudis par les Français", rappelle Frédéric Lagache.
- Qu'attendent-ils du gouvernement ?
"On veut dire au ministre de l'Intérieur de maintenir son discours de fermeté", avance le secrétaire général adjoint d'Alliance, qui ne cache pas sa satisfaction après la mise en examen d'un lycéen pour tentative de meurtre sur un policier, à Nantes. "Nous voulons des poursuites systématiques lorsque des policiers ou des gendarmes sont violentés, comme le prévoit le Code pénal", poursuit-il. "Depuis deux semaines, nous alertons les pouvoirs publics pour que soient prononcées davantage d'assignations à résidence et d'interdictions de manifester, pour que la situation s'apaise."
Dix arrêtés empêchant des militants antifascistes de participer à la manifestation de mardi avaient été émis par le préfet de police, le week-end dernier. Neuf d'entre eux ont été annulés par le tribunal administratif, qui ne les jugeait pas assez "solides".
Les syndicats de policiers demandent en outre que le ministère de l'Intérieur porte plainte contre les affiches de la CGT, "ou du moins qu'on les oblige à les retirer de leur site, c'est la moindre des choses", précise le secrétaire général adjoint d'Alliance.
- Combien seront-ils ?
Plusieurs milliers de policiers sont attendus à Paris. Mais seuls ceux qui ne sont pas en service pourront participer à la mobilisation, les gardiens de la paix n'ayant pas le droit de grève. "Nous devons assurer notre mission de service public, ça reste la priorité", assure Frédéric Lagache. "C'est pour cela que réunir 5000 ou 6000 policiers, c'est déjà exceptionnel pour nous : ça représente en fait un nombre bien plus élevé de personnes."
"Par solidarité", les CRS sont également invités par le syndicat Alliance à déposer casques et boucliers devant eux avant de prendre leur service, mercredi.
- Seront-ils armés ?
"Évidemment que non, nous n'aurons pas nos armes de service", balaye Frédéric Lagache. Le collectif "Urgence, notre police assassine" invite, lui, à un "contre-rassemblement" sur la place de la République, une heure avant celui des policiers...