Des vaches, des cochons, des produits du terroir et des visiteurs heureux de retrouver l'un de leur rendez-vous annuel préféré. Pas de doute : le Salon de l'Agriculture édition 2023 vient d'ouvrir ses portes. Une édition attendue par les exposants et par les nombreux Français qui y feront un tour, après une année particulièrement complexe.
Car 2022 n'aura pas épargné les consommateurs, ni les agriculteurs, confrontés à la hausse des matières premières et de l'énergie suite au conflit ukrainien notamment. À cela s'est ajoutée l'accélération du dérèglement climatique dans le pays, avec des méga-feux et une sécheresse exceptionnelle durant l'été, qui se poursuit encore aujourd'hui tant les précipitations se font rare en France depuis une quarantaine de jours. Ainsi, l'année dernière, le rendement des cultures de maïs a baissé de presque 15%, par rapport à 2021, annonce la chambre d'agriculture française.
"C'est ce qu'il se fait de mieux dans le pays"
Et face à la crise climatique, de plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer l'impact de l'élevage sur le climat. Selon l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation dans son rapport publié en 2021, le secteur de l'élevage serait responsable de 14,5% des émissions de CO2 mondiales. Face à ce constat, et dans un contexte inflationniste et de crise climatique, le Salon de l'Agriculture est-il encore attractif pour les agriculteurs ?
"Je pense que oui", le Salon de l'Agriculture reste attractif, "car en termes d'animaux comme en termes de produits, c'est un peu ce qu'il se fait de mieux dans le pays", explique le directeur de l'événement, Jean-Luc Poulain. Contacté par Europe 1, cet exploitant dans l'Oise insiste : "Si on veut faire progresser l'agriculture, rien de tel que d'avoir des locomotives solides. Et justement, les gens qui viennent au salon pour exposer sont les locomotives qui tirent l'ensemble de la production" et du secteur.
Un rendez-vous à ne pas manquer
"C'est vraiment le rendez-vous des agriculteurs", estime pour sa part Henri Bies-Péré, éleveur de vaches laitières et deuxième vice-président de la Fédération Nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA). "C'est l'occasion d'échanger au sein d'une même famille, sur les races de bovins, de porcs, de Brebis, etc".
Surtout, "le Salon de l'Agriculture, c'est une grande semaine aussi où (les exploitants) savent que la communication est plutôt positive sur l'agriculture dans les médias, auprès du grand public. On parle de l'agriculture sous des jours qu'on aimerait voir plus souvent", reconnaît Henri Bies-Péré.
Vers de nouvelles actions militantes ?
Le Salon de l'Agriculture sera également l'heure pour échanger autour des préoccupations écologiques, estiment les deux agriculteurs, alors que le salon est marqué chaque année par des actions militantes. "L'attention est aujourd'hui attirée sur l'agriculture qu'il faudra que l'on prépare pour les années à venir. Ce n'est pas avec des actions violentes que l'on résoudra les problèmes à venir, mais plutôt grâce au dialogue", rappelle le deuxième vice-président de la FNSEA, Henri Bies-Péré.
Un avenir qui passera forcément par le numérique, très présent cette année dans les allées du salon et qui permettra aux agriculteurs d'améliorer le bien-être animal et de mieux limiter leur impact sur l'environnement. Car "personne n'a d'intérêt à aller à l'affrontement. On a tous intérêt au progrès, aussi bien les agriculteurs que les associations environnementalistes", conclut pour sa part Jean-Luc Poulain.
L'an dernier, l'association Extinction Rebellion avait envahi le stand du syndicat agricole de la FNSEA. L'ONG Greenpeace avait choisi, quant à elle, d'installer une grande banderole au-dessus de l'entrée des visiteurs pour dénoncer "de nouveaux OGM".