Stéphane Didier est professeur d'histoire géographie dans le sud-ouest de la France. Il a glissé dans l'urne dimanche un bulletin RN à cause du manque de soutien de sa hiérarchie face aux contestations d'enseignements sur la Shoa ou la laïcité. "Les parents souvent n'étaient pas convoqués où on me répondait 'mais non, mais ce sont juste des gamins'. À chaque fois, on essaie de minorer l'incident et je dois gérer ça tout seul. L'autorité, on nous a enlevé ça, on nous l'a retiré", regrette-t-il.
Fidèle électeur aux Républicains, Stéphane a franchi le pas en 2017. "On sent un glissement. J'ai des collègues qui me disent à voix basse 'Oui, c'est vrai, tu as raison. D'ailleurs, moi aussi, je vote RN'. Mais tu comprends, je ne peux pas le dire dans la salle des profs parce qu'on va subir des pressions'. Ça reste un sujet", argumente-t-il.
Un tabou chez les professeurs
Il s'agit d'un tabou, car le corps enseignant reste historiquement un bastion de la gauche. C'est à partir de 2012 que le FN séduit une petite minorité d'entre eux, selon un co-auteur de l'étude et directeur de recherche au CNRS.
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"En 2007, vous aviez entre 2 à 3 % maximum qui votait pour l'ancien FN. Cela est monté vers 7 à 8 % à partir de 2012 et cela a augmenté régulièrement. On est aux alentours de 17 à 18 %. Alors plus on monte dans la hiérarchie, moins on trouve de voter FN", déplore-t-il. Et ce qui favorise ce penchant électoral, selon lui, c'est le sentiment d'être en première ligne face aux difficultés de la société tout en ayant perdu la reconnaissance de celle-ci.