La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, la ministre de l'Agriculture promettant de s'attaquer notamment au sujet des pesticides interdits. "On est organisé, on a ce qu'il faut pour tenir et on va rester en espérant avoir le plus rapidement une réponse des ministères", affirme Jean-Baptiste Chemin, agriculteur du Lot-et-Garonne.
Une mobilisation "en ordre dispersé"
Sous couvert d'anonymat, un autre déplore une mobilisation "en ordre dispersé". "Les collègues sont résignés", estime-t-il. "On devrait tous faire cause commune entre syndicats, c'est dommage. On est obligé de faire brûler des pneus pour qu'on s'intéresse à nous."
Les autorités recensaient en fin de matinée 596 agriculteurs et 224 engins agricoles mobilisés dans 16 départements. Ils bloquaient encore cinq centrales d'achat en Charente, dans les Landes, le Lot-et-Garonne et le Tarn. En Gironde, les gendarmes ont fait évacuer "sans incident" le blocage de deux plateformes logistiques, selon la préfecture.
De son côté, la préfète des Landes a condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA) et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.
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Des limites à ne pas dépasser
Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a répété jeudi qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser : "pas d'enkystement", "pas de blocage".
A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour distribuer 600 kilos de pommes.
Ce nouvel épisode de manifestations agricoles survient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires. Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi". FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord avec le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.
A Reims, une trentaine d'éleveurs et maraîchers de la Confédération paysanne, troisième syndicat représentatif, ont proposé du théâtre improvisé, mettant en scène un marchandage entre un négociateur sud-américain et un français signant sur le dos d'une paysanne.