Lorsqu'il avait été arrêté et remis aux autorités françaises en avril dernier, Franck Berton décrivait Salah Abdeslam comme "désireux de s'expliquer au plus vite devant la justice française". Pourtant, selon une information BFM TV et L'Obs publiée ce mercredi matin, l'avocat lillois et Sven Mary, son homologue belge, renoncent à défendre le dernier membre du commando terroriste des attentats de Paris encore en vie.
Muré dans le silence. "On était persuadés qu'il avait des choses à dire et qu'il allait les dire", explique Franck Berton avant d'ajouter : "Il ne dira plus rien". "Ce n'est pas un abandon, c'est une renonciation", a insisté l'avocat lillois qui, avec son collègue belge, en a informé son client jeudi dernier. Les deux conseils avaient posé cette condition dès le départ : ils assuraient la défence de Salah Abdeslam s'il acceptait de parler. En raison de son mutisme persistant, il ne sera donc plus représenté. "Un médecin sans patient ne guérit personne. Il en va de même de la défense d'un avocat, elle n'existe pas sans le client", explique à L'Obs Franck Berton.
"Cette décision n'est pas celle qu'on voulait prendre au départ", regrette Sven Mary. A L'Obs, l'avocat belge raconte sa rencontre "inédite" avec Abdeslam : "Il était sur une civière, attaché, menotté, encadré de huit policiers cagoulés. Il sortait du bloc opératoire, encore anesthésié, où l'on venait de lui retirer une balle de la jambe suite à son arrestation". Avec Franck Berton, l'avocat belge estime que la décision de placer Abdeslam sous vidéosurveillance 24h/24 l'aurait encouragé dans sa décision mutique. Une mesure que Franck Berton avait par ailleurs dénoncée en juillet dernier et qui n'avait fait l'objet d'un cadre légal que deux mois après sa mise en oeuvre.
"Les vraies victimes sont celles des attentats de Paris". Le conseil belge pense aux victimes des attentats : "On crée un mutisme chez Abdeslam mais les vraies victimes sont celles des attentats de Paris", explique t-il à BFM TV, "car elles ont droit à cette vérité". De son côté, le membre du commando du 13-Novembre aurait "compris" la décision de ses conseils. "Nous ne lui demandions pas de se renier, mais d'aller vers ce qui est l'intérêt de tous dans ce dossier : la vérité", complète Franck Berton pour L'Obs.
D'après les avocats, Salah Abdeslam ne désire pas pour le moment être représenté par un autre avocat et s'apprête à écrire au juge d'instruction afin de lui signifier sa décision.