La délinquance est-elle en hausse ? C'est en tout cas ce que révèlent les chiffres du ministère de l'Intérieur publié jeudi pour le premier semestre de l'année 2021. À commencer par les violences sexuelles : ces violences ont augmenté de 15% en juin après une hausse de 9% en mai, par rapport aux mêmes mois en 2020. D'avril à juin, ces violences ont progressé de 5% par rapport au premier trimestre de 2021, souligne le service statistique du ministère de l'Intérieur (SSMSI) dans sa note relative au mois de juin.
200 faits de harcèlement et d'agression chaque jour
Pour ce service, cela s'explique par la libération de la parole et l'amélioration de l'accueil des victimes en brigade et en commissariat. C'est une hausse de 34% par rapport à 2019, avec près de 35.000 faits de harcèlement et d'agressions sexuelles et viols rapportés aux forces de l'ordre en six mois, soit environ 200 par jour. En juin, il constate par ailleurs que ce nombre de violences sexuelles enregistrées est "bien supérieur au niveau d'avant le confinement".
Soulignant que "les indicateurs de la délinquance présentent des évolutions très atypiques depuis mars 2020", le SSMSI prévient que "l'interprétation s'avère très complexe". "Le confinement, poursuit-il, a fortement influencé les conditions de dépôt de plainte (…) certaines formes de délinquance ne peuvent pas s'exercer dans le contexte du confinement ou du couvre-feu tandis que d'autres sont renforcées".
Difficulté de comparaison
Plus globalement, les chiffres sont difficiles à comparer avec l'an dernier, car la délinquance a subi un coup d'arrêt avec le premier confinement. Mais on peut se référer aux deux premiers trimestres de 2019. Depuis le début de l'année, les services de police et de gendarmerie ont enregistré plus de 200.000 infractions liées à des escroqueries en seulement six mois. C'est une hausse de 14% par rapport à la même période en 2019. Cela comprend les faux en écriture publique, la fausse monnaie, mais aussi les abus de confiance et notamment les arnaques à la fausse qualité, de faux policiers, de faux médecin. La crise sanitaire a pu être un tremplin pour certains délinquants avec de nouveaux trafics.
"À l'exception des escroqueries, des coups et blessures volontaires sur personne de 15 ans et plus, et des violences sexuelles", résume le SSMSI, "tous les indicateurs restent nettement inférieurs à leur niveau d'avant le premier confinement, alors qu'en septembre 2020 la majorité d'entre eux avaient retrouvé voire dépassé ce niveau".