La France a enregistré un peu plus de 100.000 demandes d'asile en 2017, un niveau "historique", avec une forte hausse des dossiers déposés par des ressortissants d'Albanie et d'Afrique de l'Ouest, a indiqué lundi Pascal Brice, le directeur général de l'Ofpra.
La France, un des premiers pays pour les demandes d'asile. Les demandes enregistrées par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides ont augmenté de 17% l'an dernier, à 100.412 au total, après une progression de 6,5% en 2016, a-t-il détaillé. Il s'agit d'une hausse "soutenue" même si "ce n'est pas un afflux massif", a ajouté Pascal Brice, pour qui "cela confirme que la France est dans les tout premiers pays de la demande d'asile en Europe", notamment derrière l'Allemagne qui s'attend à un peu moins de 200.000 dossiers cette année.
Pour avoir une vision exhaustive des arrivées en France, il faut toutefois ajouter à ces chiffres ceux des migrants n'ayant pas encore déposé leur dossier à l'Ofpra. La première étape de la procédure se fait en effet dans les préfectures, qui examinent si les personnes relèvent d'un autre pays européen pour leur demande (au titre du règlement "Dublin").
De plus en plus de demandes d'Albanais. Le "taux d'accord" (soit les demandeurs devenant réfugiés) a fléchi, passant de 38% en 2016 à 36% l'an dernier, dont 27% accordés par l'Ofpra (soit près de 43.000 personnes), le reste provenant des recours devant la cour d'appel (CNDA). L'an dernier, le premier pays d'origine des demandeurs d'asile a en effet été l'Albanie, pourtant sur la liste des "pays d'origine sûre", avec 7.630 demandes (hors mineurs accompagnants), soit une hausse de 66%. L'Ofpra n'a accordé sa protection qu'à 6,5% des demandeurs albanais.
Guinée, Algérie et Côte d'Ivoire. Deuxième pays d'origine, l'Afghanistan a représenté 5.987 demandes (+6%). Viennent ensuite les ressortissants d'Haïti (stable à 4.934), puis les Soudanais (-24% à 4.486), et les Guinéens qui ont été 3.780 à solliciter l'asile (+62%). Le tableau de la demande d'asile en 2017 se distingue en effet par une forte progression des ressortissants de pays d'Afrique de l'Ouest, notamment des Ivoiriens dont le nombre a plus que doublé (3.243). La hausse concerne aussi les ressortissants de République démocratique du Congo (+15% à 2.941) et les Algériens (+24% à 2.456).
Enfin, le délai moyen d'attente "est tombé à près de trois mois", a précisé Pascal Brice. Il a assuré que l'Ofpra "poursuit ses efforts pour atteindre en 2018 l'objectif des deux mois" fixé par Emmanuel Macron, "dans le strict respect des droits de chaque demandeur".