Les inondations dans le Pas-de-Calais ne sont pas dues à un manque d'entretien des cours d'eau, selon un rapport

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Selon une mission administrative liée aux inondations subies par des milliers d'habitants dans le Pas-de-Calais à la fin de l'année dernière, ces catastrophes n'ont pas été causées par un manque d'entretien des cours d'eau. Cet argument avait largement été avancé par des élus locaux et des agriculteurs du territoire.

Les inondations exceptionnelles qui ont laissé des milliers d'habitants sinistrés dans le Pas-de-Calais depuis novembre n'ont pas été causées par un manque d'entretien des cours d'eau, pointé par certains élus et agriculteurs critiques des contraintes environnementales, a conclu une mission administrative. "Le manque d'entretien des réseaux hydrauliques permettant l'évacuation des eaux vers la mer n'a pas été la cause des inondations dans le Nord et le Pas-de-Calais", écrivent les inspecteurs des ministères de la Transition écologique et de l'Agriculture dans un rapport publié mardi et repéré par Contexte.

"Des cumuls atteignant près de 800 mm"

"Le facteur déclenchant (...) est l'ampleur des précipitations, avec des cumuls atteignant près de 800 mm sur les deux derniers mois de l'année 2023, causant des crues dépassant très largement les niveaux centennaux", selon leurs conclusions, consultées mercredi par l'AFP. "Ces cumuls ont très largement excédé les capacités des ouvrages de protection contre les crues, même quand ils sont parfaitement entretenus, ceux-ci étant le plus souvent, et logiquement, dimensionnés pour des épisodes d'occurrence inférieure à une crue cinquantennale", poursuit le rapport.

"Les inondations d'ampleur inédite, survenues à l'automne 2023 et en janvier 2024 sur les secteurs de l'Audomarois, du delta de l'Aa, du Boulonnais et du Montreuillois, ont donné lieu à des critiques exprimées notamment par la profession agricole" contre un entretien jugé "insuffisant", rappellent les inspecteurs. Ils avaient été chargés le 1er février d'identifier de potentielles mesures de "simplifications" des contraintes légales pesant sur l'entretien des cours d'eau, dont certaines visent à protéger les espèces menacées.

Une augmentation des précipitations dans les années à venir

Début janvier le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu avait annoncé préparer un changement de réglementation pour "faciliter le curage". La pertinence de la technique fait toutefois débat au sein des experts, compte tenu du risque de destruction du fonds biologique des rivières ou parce que dans certains cas il est préférable de ralentir l'écoulement de l'eau que de l'accélérer vers l'aval. Dès janvier, des dérogations pour ces curages avaient été accordées par les préfets du Pas de Calais et du Nord, en urgence. "Adaptée aux circonstances du moment, cette base juridique serait sujette à caution si elle devait perdurer", avertit la mission, tout en proposant plusieurs pistes de clarification et simplification du cadre légal.

En raison du réchauffement climatique, les précipitations extrêmes devraient augmenter en nombre et en intensité dans la région, selon les climatologues. Le delta de l'Aa, vaste polder très peuplé et quasiment sous le niveau de la mer à marée haute, est l'une des zones françaises les plus vulnérables aux conséquences du changement climatique.