C'est peu dire que Patrick Martin, le président du Medef, a surpris avec cette déclaration dans laquelle il se dit "prêt à discuter" d'une hausse d'impôts des entreprises, sous conditions. "Nous sommes prêts à discuter d'une hausse d'impôts des entreprises à deux conditions", a-t-il expliqué dans une interview au Parisien, alors que le Premier ministre Michel Barnier a évoqué dimanche des "prélèvements ciblés sur les personnes fortunées, ou certaines grosses entreprises" pour contribuer à redresser les finances publiques.
Deux conditions sont posées pour Patrick Martin. La première, il faut avoir d'abord "la démonstration que sur l'excès de dépenses publiques, l'État fait des efforts bien supérieurs à ce qu'il demande aux entreprises". La deuxième, que cet effort "n'enraye pas la dynamique d'investissement et de création d'emplois dans une conjoncture économique très fragile".
"Ce n'est plus des impôts, c'est confiscatoire"
Une attitude d'ouverture qui n'était pas forcément attendue et qui déroute beaucoup de patrons. À Lyon, les patrons n'ont pas sauté de joie mardi en lisant l'interview du président du Medef, car en matière d'impôt sur les sociétés, la France se situe déjà dans la moyenne haute des pays européens. Pour Claude Barbet, qui emploie 30 salariés dans cinq restaurants près de Lyon, les entreprises françaises sont déjà beaucoup taxées.
"À ce niveau-là, ce n'est plus des impôts, c'est confiscatoire ! Je pense qu'aujourd'hui en France, les entreprises jouent le jeu et même plus que ça. Nous, on a 30 salariés, les charges, nos loyers à payer, nos problèmes d'augmentation des coûts à travers nos produits, l'énergie... Donc c'est bien beau d'augmenter encore les impôts sur les entreprises... Mais pour quoi faire ?" s'emporte-t-il au micro d'Europe 1.
"Ça risque de démotiver les troupes"
Même discours pour Fabien à la tête d'une TPE d'entretien de voitures. "Imposer aujourd'hui des TPE qui sont dans une passe difficile, après le Covid, les remboursements de Prêt garanti par l'État (PGE), le manque d'activité... Ça risque de démotiver les troupes. Par contre, les plus grosses sociétés en France, qui naviguent dans d'autres sphères, elles, pourraient le faire", lance-t-il.
Les regards se tournent effectivement vers les grosses entreprises qui font d'importants profits. Plusieurs patrons que nous avons joints n'ont pas souhaité répondre. Peut-être la preuve d'un certain embarras sur la question.