"Le préfet de police a porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifestations". Les conclusions de la juge sont implacables. Appelée à statuer sur des interdictions de manifestations délivrées par la préfecture de police de Paris, le tribunal administratif a cassé mardi la majorité des décisions.
"Pas des casseurs".Dans neuf des dix dossiers examinés, la juge a clairement souligné que "le préfet de police (avait) porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifestations". Les militants, qui ont caché leurs visages en passant devant les caméras de télévision, ont tous nié avoir été arrêtés par les forces de l'ordre. Devant les médias, ils ont expliqué que s'ils avaient participé à des manifestations qui ont dégénéré, ils ne sont pas des casseurs.
Un raisonnement "qui ne tient pas". "Le raisonnement du préfet de police de Paris, c'est de dire 'ils ont participé à des manifestations où il y a eu des violences, donc ils vont commettre des violences'. C'est un peu comme si nous disions, 'tous les chats sont mortels, Socrate est mortel, donc Socrate est un chat', c'est le même type de raisonnement, ça ne tient pas la route une seconde", argue l'avocat des plaignants, Me Raphaël Kempf.
Apportées par le représentant du préfet à l'audience, les notes blanches, ces notes des services de renseignements, n'ont rien changé à la décision. Parmi les documents présentés, l'un évoquait pourtant l'interpellation de l'un des militants avec une matraque et une cagoule. Malgré cela, seul un des dix plaignants a effectivement été interdit de manifester. Il aurait en effet été identifié parmi les agresseurs potentiels de deux militaires en janvier.
En guise de dédommagement, le préfet a été condamné à verser 500 euros à chacun des neuf manifestants donc l'interdiction de manifester a été cassée.