Les victimes de l'explosion rue de Trévise à Paris, en 2019, «bataillent» toujours avec les assurances

© CARL LABROSSE / AFP
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avec AFP
Les victimes de l'explosion de gaz de la rue de Trévise, dans le centre de Paris, qui avait fait 4 morts, 66 blessés et quelque 400 sinistrés le 12 janvier 2019, ont déploré vendredi de devoir toujours "batailler" pour être indemnisées.

Sur le fonds d'indemnisation pourvu à hauteur de 20 millions d'euros par la mairie de Paris, "il a été versé moins de 4 millions, moins de 20% de la somme promise", a souligné Dominique Paris, présidente de l'association Trévise Ensemble, lors de la cérémonie d'hommage à l'occasion du cinquième anniversaire de l'explosion.

Selon le tableau de suivi de l'accord-cadre d'indemnisation, que l'AFP a pu consulter, un total de 3,6 millions d'euros avait été versé aux victimes fin novembre 2023. Dominique Paris a fustigé "les nombreux refus" d'un "collectif d'assureurs qui serre les cordons de la bourse au maximum" et font que les sinistrés se sentent "accusés d'être fautifs et de ne pas apporter suffisamment de preuves".

"Pas à la hauteur des préjudices"

Les victimes ont "l'impression que les assureurs jouent la montre", a abondé Linda Zaourar, présidente de l'autre association de victimes, VRET (Victimes et rescapés de l'explosion de la rue de Trévise). Début 2022, la mise en place de l'accord-cadre, pour permettre les indemnisations sans attendre les issues judiciaires, avait fait espérer une accélération des procédures.

 

Mais entre les propositions "pas à la hauteur des préjudices", les assureurs qui "se réunissent systématiquement pour voir s'ils donnent (l'indemnité) ou demandent des pièces supplémentaires" et la suspension de l'accord-cadre pendant cinq mois pour des "discussions sur les préjudices spécifiques", "les victimes et les avocats bataillent pour le moindre élément", déplore Mme Zaourar à l'AFP.

La maire PS Anne Hidalgo "a promis 20 millions mais ça ne bouge pas du tout", regrette Angela Grignano, une ex-employée d'hôtel grièvement blessée à une jambe et qui dit ne pas savoir comment financer une nouvelle opération qui pourrait lui permettre de mieux marcher.

Une réintégration des logements au "deuxième semestre 2024"

Si les procédures sont "absolument interminables", "la Ville est prête à verser l'argent dès que c'est légalement possible", répond l'élue PS Alexandra Cordebard, une proche de la maire Anne Hidalgo.

La mairie reste "en dehors de l'instruction et de la décision de l'indemnisation des assureurs", a rappelé Nicolas Nordman, l'adjoint chargé de l'aide aux victimes. Comme chaque 12 janvier à 9h00, l'hommage s'est déroulé dans la rue et devant les immeubles toujours en travaux.

 

Les habitants des trois immeubles endommagés pourront réintégrer leur logement au "deuxième semestre 2024", a confirmé la maire (Horizons) du IXe arrondissement, Delphine Bürkli. Quant à la voie elle-même, elle va être végétalisée et rouverte à la circulation début 2025, a-t-elle précisé à l'AFP.

Dans le volet pénal, les investigations lancées en janvier 2019 pour déterminer les responsabilités sont closes depuis le 17 octobre 2023. Le parquet de Paris doit prendre prochainement ses réquisitions avant que les juges d'instruction n'ordonnent ou non un procès devant le tribunal correctionnel. La mairie de Paris et le syndic de copropriété de l'immeuble sont mis en examen, notamment pour "homicides et blessures involontaires".