À Paris et dans plusieurs autres villes de France, les "gilets jaunes" se sont de nouveau mobilisés samedi, pour un "acte 19" qui s'est déroulé dans un contexte inédit. Au total, 40.5000 personnes ont défilé en France, dont 5.000 à Paris, alors que plusieurs préfectures avaient pris des arrêtés d’interdiction de manifester après les violences de la semaine dernière. La journée a été beaucoup plus calme que la semaine précédente, malgré quelques tensions en région et des échauffourées lors de la dispersion du cortège déclaré à Paris. En marge de ces événements, un policier a été victime d'un arrêt cardiaque, place de la République.
Les informations à retenir :
- Un membre des forces de l'ordre en arrêt cardiaque à Paris
- Le ministère de l'Intérieur a recensé 40.500 manifestants en France, dont 5.000 à Paris
- Christophe Castaner a révélé qu'il y avait eu 233 interpellations dans toute la France, 172 placements en garde à vue et 107 verbalisations sur le "périmètre interdit"
Un policier en arrêt cardiaque à Paris
En marge de la mobilisation des "gilets jaunes" à Paris, un membre de forces de l'ordre a été victime d'un arrêt cardiaque place de la République. Son état est jugé très sérieux. Après un massage cardiaque qui a duré de longues minutes, il a été évacué et conduit en milieu hospitalier.
L'ambulance vient de quitter la place de la République https://t.co/wKs6fG6UPR
— Théo Maneval (@TheoManeval) 23 mars 2019
40.500 manifestants, mobilisation en hausse
Le déploiement des forces de l'ordre a été massif pour cette nouvelle journée de mobilisation. Du côté des manifestants, environ 40.500 personnes, dont 5.000 à Paris, étaient dans les rues, samedi. Les "consignes de fermeté" données "ont permis de maintenir l'ordre et d'éviter des débordements", a déclaré le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. Samedi dernier, ils étaient, selon la même source, 32.000 dans l'ensemble du pays, dont 10.000 à Paris
Le gouvernement voulait apporter une réponse ferme après les violences de l'"acte 18" un renforcement drastique du dispositif de sécurité. Pour éviter toutes surenchères, plusieurs préfectures avaient ainsi pris des arrêtés d'interdiction de manifester. À Paris, les rassemblements de "gilets jaunes" étaient donc interdits sur l'avenue des Champs-Elysées et ses abords, ainsi que sur la place de l'Etoile.
Les Champs-Élysées bien vides #ActeXIX#GiletsJaunespic.twitter.com/TwW9P5mIKX
— Kahina Sekkai (@kahinasekkai) 23 mars 2019
Christophe Castaner a par ailleurs relevé que 233 interpellations avaient eu lieu dans toute la France, 172 placements en garde à vue et 107 personnes verbalisées pour avoir tenté de prendre part à des rassemblements interdits. Présent à Paris, le médiatique Eric Drouet a affirmé faire partie des personnes verbalisées. "On nous a dit qu'on était sur une manifestation non déclarée, que j'étais le leader", a-t-il expliqué au micro de BFM-TV, indiquant n'avoir pas signé le PV.
Manifestation calme mais dispersion tendue à Paris
La seule manifestation déclarée dans la capitale, à laquelle Jean-Muc Mélenchon a participé, s'est élancée à 13 heures de la place Denfert-Rochereau pour rallier le Sacré-Cœur, au nord. A l'arrivée du cortège, des manifestants ont réussi à se hisser sur le dôme du Sacré-Cœur afin d'y déployer une banderole jaune, avant d'être délogés quelques minutes plus tard.
Des #GiletsJaunes tentent de déployer une banderole depuis le Sacré-Coeur.
— Théo Maneval (@TheoManeval) 23 mars 2019
Pendant qu'un hélicoptère de la gendarmerie survole le parvis. @Europe1pic.twitter.com/Zfh9WYToro
Vers 17h, alors que la manifestation autorisée des "gilets jaunes" commençait à se disperser, un cortège est reparti vers le centre de Paris. Arrivés d'un bon pas sur le boulevard de Strasbourg, un des grands axes menant à la place de la République, les manifestants ont été bloqués par un rideau de CRS et de camions.
Après un bref face-à-face, les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser le cortège, en tête duquel se trouvaient plusieurs jeunes, sweats à capuche et foulards sur le nez. Plusieurs poubelles ont été incendiées, la vitrine d'une banque brisée et un distributeur vandalisé. Les renforts de police sont très vite arrivés, un canon à eau a été utilisé pour éteindre les feux de poubelle. Peu après 17h30, les manifestants avaient reflué et s'étaient éparpillés dans les rues alentours.
>> INFORMATION EUROPE 1 : Le domicile du "gilet jaune" Éric Drouet vandalisé
Des tensions en région
A Lyon, un cortège est parti de la place Bellecour en direction du Vieux-Lyon aux alentours de 14h. Selon Le Progrès, la manifestation "a débuté par un nuage de gaz lacrymogènes" pour disperser les manifestants.
A Tourcoing, quelque 200 manifestants ont marché entre Tourcoing et Lille, dans le calme, rejoints en milieu de cortège par l'une des figures du mouvement Priscillia Ludosky. Elle a été accueillie par des "hip hip hip" et des selfies. "J'espère que des mesures fortes vont être prononcées. Je ne m'attendais pas à ce que ça (la mobilisation, ndlr) dure aussi longtemps. C'est pas normal que ça dure aussi longtemps, c'est pas normal qu'on ait à sortir tous les week-ends", a-t-elle déclaré à la presse.
Maxime Nicolle, autre figure du mouvement, les a rejoints à Lille, où une manifestation déclarée était prévue à 14h. Des incidents ont éclaté aux abords de la gare Lille-Flandres rapporte un journaliste de La Voix du Nord présent sur place. Les forces de l'ordre ont répliqué avec du gaz lacrymogène à des jets de projectiles de la part de "black blocks" présents dans le cortège.
Des incidents éclatent près de la gare Lille-Flandres entre les black blocs et la police. Jets de projectiles d’un côté, gaz lacrymogène de l’autre. pic.twitter.com/wHJZhzM6QX
— Benjamin Duthoit (@BduthoitVDN) 23 mars 2019
Scénario similaire à Montpellier, où des échauffourées avec les forces de l'ordre ont éclaté environ deux heures après le départ d'un cortège de "gilets jaunes" rassemblant quelque 4.500 personnes selon la préfecture. Vers 16h, les forces de l'ordre ont fait des sommations puis procédé à des tirs nourris de grenades lacrymogènes, alors que des manifestants leur jetaient canettes et bouteilles de bière.
Côté manifestants, au moins une personne a été blessée par un projectile au visage, et côté forces de l'ordre, au moins deux policiers ont été blessés, a constaté une journaliste de l'AFP. Ces affrontements ont éclaté place de la Comédie et aux abords du centre. La ville n'avait pas fait l'objet samedi d'un périmètre d'interdiction de manifester.
Interpellations à Toulouse. A Toulouse, les forces de l'ordre ont chargé pour disperser quelques milliers de "gilets jaunes" dans le périmètre entourant la place du Capitole, où les manifestations ont été interdites. De premiers incidents ont éclaté quand des policiers ont scindé le cortège, très compact, et procédé à des interpellations, selon les Observateurs de la Ligue des droits de l'Homme.
A 16h30, sous un épais nuage de gaz lacrymogènes, les manifestants se dispersaient dans les rues du centre-ville, avant de se regrouper, encore nombreux, à l'endroit où le cortège avait débuté. Trois d'entre eux ont été interpellés, a constaté l'AFP.
A Bordeaux, place forte du mouvement, des tensions se sont fait sentir en centre-ville, là aussi interdit de manifestation, avec l'arrivée de militants des "black blocks" en milieu d'après-midi, a constaté une journaliste de l'AFP. La foule était ailleurs moins nombreuse que d'habitude dans la ville où beaucoup n'avaient pas enfilé leur traditionnel gilet.
80 interpellations à Nice, une septuagénaire grièvement blessée. Des heurts ont éclaté samedi après-midi à Nice lorsque quelques centaines de manifestants ont tenté de pénétrer dans le périmètre interdit aux rassemblements, déclenchant des tirs nourris de gaz lacrymogène. Plusieurs centaines de "gilets jaunes" se sont rassemblés devant la gare de Thiers.
Quelques dizaines de personnes, dont certaines vêtues d'un gilet jaune, avaient déjà bravé l'interdiction de manifester en centre-ville en matinée, sur la place Garibaldi. Une femme âgée était tombée pendant une charge de la police, et avait été blessée. Les pompiers l'avaient évacuée, consciente.
Un blessé qui semble sérieux près de la place Garibaldi #GJNice#Nice06pic.twitter.com/JNrSey0xzm
— Grégory Leclerc (@GregLeclerc) 23 mars 2019
Sa fille a confirmé à l'AFP qu'il s'agissait d'une membre d'Attac 06, qui était venue pour le droit de manifester, avec un drapeau altermondialiste arc-en-ciel. "Elle souffre de plusieurs fractures au crâne, au rocher (oreille interne) et des hématomes sous-duraux", a précisé sa fille, ajoutant que les médecins avaient eu "très, très peur" pour elle quand ils l'avaient examinée.
Au total, 80 personnes ont été interpellées, dont une à Antibes, quatre en zone gendarmerie et 75 à Nice, pour la majeure partie au cours de l'après-midi après une violente charge de police contre quelques centaines de manifestants qui ont brièvement tenté de pénétrer dans le périmètre interdit, dans le secteur du Parc Impérial.