L'Etat compte réduire le nombre de demandeurs d'asile et de réfugiés à la rue en créant cette année 5.500 places d'hébergement supplémentaires, tout en accélérant la sortie des déboutés encore logés dans les centres dédiés, selon une instruction de l'Intérieur aux préfets.
Plus de 97.000 places en 2019. "En 2019, la capacité du parc d'hébergement pour demandeurs d'asile devrait atteindre plus de 97.000 places", contre 86.510 en 2018, avec notamment la création de 3.500 places nouvelles (le reste venant de la transformation de dispositifs existants), affirme cette circulaire datée du 31 décembre. En effet, la demande d'asile "se maintient à un niveau élevé en France" avec une hausse de "19% à l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides)", par rapport aux 100.000 dossiers reçus en 2017.
L'Etat a l'obligation d'héberger les demandeurs d'asile. Pour les réfugiés l'objectif est de créer 2.000 places associant hébergement et accompagnement social, en plus des 5.200 déjà existantes. L'Etat a l'obligation d'héberger les demandeurs d'asile, ou à défaut de leur verser une allocation légèrement majorée, mais on estime qu'un peu plus d'un sur deux seulement accède au dispositif (les autres sont logés par des proches, par le 115, ou se retrouvent à la rue). En revanche, "plus de 17.400 places" du dispositif d'hébergement des demandeurs d'asile sont occupées par des personnes qui ne devraient pas y être: 8% de réfugiés et 11% de déboutés, rappelle la circulaire.
L'Etat compte donc accroître la "fluidité" en faisant sortir de ces centres les déboutés. Les réfugiés ont trois mois pour libérer leur place dans ce type d'hébergement une fois obtenue la protection de la France, et les déboutés un mois. L'Etat compte donc accroître la "fluidité" en faisant sortir de ces centres les déboutés, notamment ceux de pays jugés sûrs, et les demandeurs sous procédure Dublin (donc enregistrés dans un autre pays) déclarés en fuite, pour qui "une interpellation en vue d'un placement en rétention et l'exécution du transfert doit systématiquement être recherchée".
Pour les réfugiés "l'urgence à accélérer la sortie" du dispositif d'hébergement "nécessite de poursuivre la politique ambitieuse de captation des logements", souligne la circulaire. Les réfugiés tombent en effet dans le droit commun quand ils obtiennent leur statut, alors même qu'ils connaissent parfois mal le pays et manquent de ressources pour y trouver un travail et se loger. Les plus de 25 ans touchent le RSA mais certains, notamment les jeunes, peuvent aussi se retrouver à la rue.
Ile-de-France: une centaine de personnes en grève de la faim dans des centres de rétention
Une centaine d'étrangers enfermés dans les centres de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) et de Vincennes (Val-de-Marne) ont entamé une grève de la faim pour dénoncer leurs conditions de rétention, a-t-on appris vendredi auprès de la Cimade.
"Entre 50 à 80 personnes sont en grève de la faim". Depuis mardi, "entre 50 à 80 personnes sont en grève de la faim sur la centaine que compte le CRA" du Mesnil-Amelot, indique la Cimade. Au CRA de Vincennes, une vingtaine de personnes sont concernées. Les grévistes de la faim dénoncent "les violences policières", "la durée de rétention", dont la durée maximum a été doublée de 45 à 90 jours depuis la loi asile-immigration, ainsi que le "manque d'hygiène". L'observatoire citoyen de Seine-et-Marne organise en soutien un rassemblement samedi à 14 heures devant le CRA du Mesnil-Amelot.
3.648 hommes ont été enfermés au centre de rétention de Vincennes en 2017 et 3.476 au Mesnil-Amelot. Les CRA sont des centres où les étrangers en situation irrégulière sont placés dans l'attente de leur reconduite et dont les associations dénoncent régulièrement la médiocrité des conditions d'accueil. L'allongement de la durée maximale de rétention, qui vise à donner plus de temps aux pouvoirs publics pour obtenir les documents nécessaires aux reconduites, a été l'un des points les plus polémiques de la loi qui vient d'entrer en vigueur. Selon le rapport annuel rédigé par les associations habilitées à intervenir en CRA, 3.648 hommes ont été enfermés au centre de rétention de Vincennes en 2017 et 3.476 au Mesnil-Amelot.