Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a entrouvert la porte mardi à un assouplissement des dispositions de son projet de loi "asile-immigration" sur la durée maximale de la rétention, se disant "prêt à étudier" les propositions des députés.
Concilier "efficacité" et "humanité". "Je sais que certaines dispositions peuvent susciter un certain nombre de questionnements", a assuré Gérard Collomb devant la commission des lois de l'Assemblée. Son texte prévoit de doubler, à 90 jours maximum, la durée possible de rétention des étrangers en attente de leur expulsion, voire 135 en cas d'obstruction. "J'entends les préoccupations exprimées" et "sans perdre de vue la nécessité d'un allongement du temps de la rétention, je suis prêt à étudier avec votre commission les modalités les plus appropriées pour concilier humanité et efficacité", a-t-il ajouté. Plusieurs amendements ont été déposés par le groupe LREM pour raboter à 90 jours grand maximum la durée possible, avant l'examen dans l'hémicycle à partir du 16 avril.
Possibilité de travailler plus rapidement. Le ministre a par ailleurs assuré qu'"au bout de six mois nous pourrons faire en sorte que les migrants puissent avoir un travail", alors que des amendements ont été déposés pour ouvrir le marché de l'emploi aux demandeurs d'asile six mois après le dépôt de leur dossier (contre neuf mois actuellement).
Allusion aux partis populistes. "Je forme le vœu que nous sachions collectivement nous montrer dignes des enjeux qui sont ceux de la période", a-t-il ajouté, alors que le texte suscite des crispations jusque dans la majorité parlementaire. Mais "j'ai peur que si jamais nous ne résolvions pas le problème qui est devant nous, avec une volonté d'humanisme et d'efficacité, d'autres demain se chargent de le résoudre sans humanisme mais avec une grande volonté d'efficacité", a-t-il mis en garde, dans une allusion voilée aux montées des partis populistes en Europe. Appelant à faire preuve "de solidarité, de générosité", il a martelé que "toutes les personnes qui n'ont pas vocation à rester en France parce qu'elles n'ont pas le droit d'asile doivent être reconduites" à la frontière.