Un texte dangereux", "déséquilibré", un "immense gâchis" : des associations d'aide aux migrants déploraient lundi l'adoption la veille par les députés du projet de loi "asile et immigration", en regrettant une orientation majoritairement répressive. "Hormis de rares avancées (...), cette loi reste essentiellement tournée vers la répression et la restriction des droits des personnes étrangères", a estimé la Cimade dans un communiqué. L'association d'aide aux migrants dénonce, entre autres, le "doublement de la durée de rétention (à 90 jours, ndlr), le maintien de l'enfermement des enfants en rétention".
"On a le sentiment d'un immense gâchis, une occasion manquée (d'avoir) un débat en profondeur sur les enjeux d'une véritable politique migratoire", a déploré la présidente de l'association Geneviève Jacques, sur France Info.
Sept jours de vifs débats. Présenté par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb comme un texte "totalement équilibré qui s'aligne sur le droit européen", ce projet de loi "pour une immigration maîtrisée, un droit d'asile effectif et une intégration réussie" a été adopté dimanche soir en première lecture au terme de sept jours de vifs débats. Les Républicains et toute la gauche -socialistes, communistes et Insoumis- ont voté contre, tout comme les députés FN. Un seul député LREM a voté contre, avant d'annoncer son départ du groupe majoritaire.
L'une des mesures-phares, visant à faciliter les expulsions, est le doublement de la durée maximale de rétention. Le projet vise à réduire à six mois (contre onze aujourd'hui), les délais des procédures d'asile, "renforcer" la lutte contre l'immigration irrégulière et "sécuriser le droit au séjour" des étrangers en situation régulière.
L'assouplissement du "délit de solidarité", maigre consolation. Maigre compensation pour les associations : le vote, dans les dernières heures des débats, de l'assouplissement du "délit de solidarité" pour certaines personnes venant en aide aux migrants. Seront exemptés de sanctions les militants qui apporteraient des soins, un hébergement et de la nourriture aux migrants sans qu'il y ait de contrepartie lucrative.
"Ce n'est pas suffisant", a cependant estimé la présidente du Gisti (Groupe d'information et de soutien des immigrés), Vanina Rochiccioli, jugeant vagues ses conditions d'application.