La commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015 a publié son rapport, mardi matin. Ses conclusions indiquent que l’attaque djihadiste contre le Bataclan n’aurait pas pu être évitée, alors même que le renseignement était informé de menaces proférées en 2009 et 2015 à l’encontre de la France. En conséquence, la commission prône notamment la réorganisation du renseignement autour d’une agence nationale, spécifiquement consacré au terrorisme, et qui serait placée sous l’autorité du Premier ministre.
Centralisation. "Une excellente idée", pour Alain Rodier, directeur de recherches chargé du terrorisme et de la criminalité organisée au CF2R, le Centre français de recherche sur le renseignement. "Le problème c’est que les acteurs sur le terrain sont nombreux, mais malheureusement quand on pose la question : 'Quel est le responsable de l’anti-terrorisme en France ?', il n’y a pas de réponse", déplore ce spécialiste mardi au micro d’Europe 1 Midi. "Il faut mettre un peu d’ordre dans tout cela".
Les mailles du filet. Une telle agence aurait-elle pu éviter à la France les drames de janvier et novembre 2015 ? "Je n’ai pas la réponse. Mais dans des Etats qui sont extrêmement protégés et qui appliquent toutes les règles qu’on voudrait voir appliquées en France - je pense à Israël en particulier -, cela n’empêche pas des terroristes de tirer dans un restaurant", constate-t-il. "Il y aura toujours des individus qui arriveront à passer à travers les mailles du filet."
Pour autant, "ce n’est pas parce qu’il y a ce constat qu’il ne faut pas faire d’efforts pour diminuer au maximum le risque", nuance ce responsable. "Les mesures préconisées par la commission sont extrêmement intéressantes, maintenant la balle est dans le camp des politiques !"
"Il faut de l'autorité". La commission d’enquête parlementaire préconise également la fusion des trois unités d’élite d’intervention : le GIGN, la BRI et le RAID. "Je ne suis pas spécialiste dans le domaine, mais en tant qu’observateur extérieur, il semble un peu curieux qu’il y ait trois unités différentes qui interviennent dans le même cas de figure… ", souligne Alain Rodier. "Dans le domaine sécuritaire il faut de l’autorité, et une autorité centralisée", conclut-il.