"Début 2015, j'avais le sentiment que nous étions de la chair médiatique." Dans le Journal du Dimanche, le dessinateur Luz, survivant de la tuerie de Charlie Hebdo, revient sur l'attentat qui a changé sa vie, alors qu'approche la sortie de son album Indélébiles, consacré à la vie de la rédaction qui l'a employé pendant 23 ans.
"Une fissure dans le temps". "Le 7 (janvier 2015, ndlr), pour moi, est une fissure dans le temps", explique le dessinateur de 46 ans, contraint de vivre sous protection policière. "Il n'y a pas que l'innocence que ça a fissuré. Ça m'a changé de fond en comble. J'essaie maintenant de faire en sorte que ça change en mieux", poursuit-il. "J'ai retraversé le 7-Janvier pour aller rechercher celui qui était là-bas et lui dire : 'hey, je ne t'ai pas oublié, je sais que tu fais partie de moi'."
"Tout le contraire d'un drame". Dans Indélébiles, celui qui fut un pilier de "Charlie" évoque son travail au sein du journal pour la première fois depuis l'attentat. Pourquoi avoir fait ce choix ? "Un jour, des enfants nés après le 7 janvier 2015 découvriront le nom de Charlie dans un livre d'histoire, ou bien sur un vieux badge oublié de leurs parents après des commémorations à la con. J'avais envie qu'ils connaissent l'histoire dans l'Histoire", répond Luz. "Charlie, c'est tout le contraire d'un drame, c'était une bande de copains qui déconnaient justement pour exorciser les drames, raconter l'absurdité du monde qui les entourait."