La direction du lycée lillois Averroès, principal établissement secondaire musulman de France, a affirmé samedi, lors d'un rassemblement de soutien, être en mesure d'assurer la rentrée 2024 malgré la rupture du contrat avec l'Etat et être convaincue que ce contrat serait à terme rétabli. "Nous allons pouvoir assurer la rentrée 2024 quoi qu'il arrive", grâce à l'argent collecté ces derniers mois notamment via une cagnotte en ligne, s'est félicité au micro le directeur du groupe scolaire Averroès, Eric Dufour, lors de ce rassemblement à Lille qui a réuni quelque 200 personnes.
"Discrimination criante"
Eric Dufour a indiqué être "convaincu" que le contrat entre l'Etat et le lycée finirait par être rétabli car, dans le cas contraire, "il y aurait une discrimination criante" par rapport à d'autres établissements privés sous contrat, peu contrôlés ou pas sanctionnés malgré des manquements. En décembre, la préfecture du Nord avait résilié le contrat liant l'Etat à cet établissement, cessant donc de le subventionner à partir de la rentrée 2024, vingt ans après sa création. Le préfet avait pointé des enseignements jugés "contraires aux valeurs de la République".
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Soutenus par des syndicats d'enseignants et la Ligue des droits de l'Homme, des enseignants, élèves et parents ont scandé au cours du rassemblement "deux poids, deux mesures, ça y est c'est bon on sature", "républicain et excellence, Averroès a été meilleur lycée de France" ou encore "le contrat on veut garder, non à la précarité", devant une banderole "Averroès, nous sommes un lycée républicain". "Ce lycée, on l'a construit, on en a fait un lycée d'excellence", a expliqué Amel Afejjay, professeur d'histoire-géographie. Comme d'autres enseignants, elle dit souhaiter rester à Averroès malgré la rupture du contrat mais craint d'être obligée à terme de "recommencer à zéro" ailleurs.
Tous espèrent que le Conseil d'Etat, saisi après la validation en référé de la rupture du contrat par le tribunal administratif de Lille, suspende la mesure préfectorale. La décision du Conseil d'Etat pourrait intervenir vers mi-mai selon Eric Dufour, avant une décision du tribunal administratif sur le fond du dossier "peut-être dans un an ou deux". Le lycée Averroès attend également une autre décision du Conseil d'Etat, saisi par la région Hauts-de-France qui refuse depuis 2019 de lui verser les quelque 300.000 euros annuels prévus dans le cadre du contrat avec l'État. La cagnotte en ligne de soutien à Averroès, qui ne représente qu'une partie des dons reçus, dépassait samedi les 400.000 euros.