Depuis l'attaque massive du Hamas contre Israël le 7 octobre, plusieurs manifestations ont eu lieu en France en soutien aux Palestiniens. Ils étaient nombreux à se rassembler samedi place de la République à Paris, malgré l'interdiction de cette manifestation confirmée par la justice administrative. Un regroupement qui a rapidement viré au bras de fer avec les forces de l'ordre. Alors que 19 personnes ont été interpellées, des slogans anti-police ont été entendus. D'après l'historien Georges Bensoussan, invité du Grand Rendez-vous d'Europe 1/CNews/Les Échos dimanche, "ces manifestations donnent lieu à un déluge de déraison".
"Ce qui m'a frappé dans les slogans, c'est l'abîme d'ignorance sur l'histoire du conflit. C'est quelque chose d'extraordinaire et je crois que c'est sur cet abîme d'ignorance que se jouent la plupart de ces passions mortifères", a-t-il déclaré au micro d'Europe 1-CNews.
L'attaque du Hamas "interroge sur notre humanité"
L'auteur de l'ouvrage Les origines du conflit israélo-arabe est revenu sur le massacre des kibboutz de Kfar Aza et de Beeri samedi dernier. "On est en présence d'un gouffre d'horreur. Une horreur qui sidère parce qu'elle interroge notre humanité. Elle questionne forcément la part en nous qui est capable de céder un jour à cette horreur-là. Le fait que ces horreurs aient eu lieu, ça nous salit parce que nous appartenons à la même espèce que ces assassins", a-t-il poursuivi.
"Devant un tel gouffre anthropologique, que l'on ait affaire à un tel torrent de haine, comme on le voit dans ces manifestations où le premier qui oserait afficher une opinion pro-israélienne serait lynché, on est en présence d'une offensive violente contre les Lumières, contre la raison, contre ce qui a fait la force de l'Occident et contre l'Occident tout simplement. Même si ça paraît dérisoire face à ces déferlements de haine, qui sont des haines meurtrières, il faut faire un effort de raison, un effort d'historien pour se dire : comment en sommes-nous arrivés là ?", a questionné Georges Bensoussan.
"On est en présence d'un négationnisme"
Face à l'offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza préparée par Israël, Tel Aviv est pointée du doigt pour agir au-delà de la légitime défense. D'après Georges Bensoussan, "on est en présence de raisonnements où la conclusion précède l'interrogation, c'est-à-dire qu'on a déjà conclu que les Israéliens étaient coupables".
"Certes, il y a eu des massacres à Beeri, Kfar Aza, mais ce qui compte avant tout, c'est la culpabilité israélienne. Donc, on va effacer toute rationalité, on va effacer l'ordre de causalité des événements pour s'appesantir sur les représailles israéliennes à Gaza. On est déjà en présence d'un négationnisme qui consiste à dire : 'il n'y a pas eu de massacre, c'est de la propagande sioniste, israélienne", a-t-il affirmé dimanche. "Le négationnisme est partie prenante de la démarche génocidaire", a conclu Georges Bensoussan.
Le porte-parole de l'armée israélienne a exhorté les Gazaouis vivant dans le nord du territoire - environ 1,1 million de personnes sur une population totale de 2,4 millions - à fuir vers le sud au plus vite.