Le préfet de la Martinique, Jean-Christophe Bouvier, a annoncé "avoir signé un arrêté de couvre-feu", entrant en vigueur de 21 heures à 5 heures du matin, dans les quartiers les plus touchés par les violences. Cet arrêté sera effectif au moins jusqu'au 23 septembre, est-il précisé dans un communiqué de la préfecture, et concerne "certains quartiers des communes de Fort-de-France et du Lamentin".
Depuis plusieurs nuits, des violences urbaines secouent certains quartiers de Fort-de-France, chef-lieu de cette île des Antilles françaises peuplée d'environ 350.000 habitants. Onze policiers ont été blessés ces derniers jours, en marge d'une mobilisation contre la vie chère et plusieurs dizaines de commerces ont été la cible de pillards et d'incendiaires.
"Je suis dévastée"
"Je suis dévastée. Il y a des jeunes qui ont besoin de travailler, [maintenant] c'est le détruire ou le reconstruire". Impuissante devant son restaurant fastfood, ravagé par les flammes, Tania, la directrice, a bien du mal à cacher son désarroi. Comme elle, près d'une quarantaine de chefs d'entreprise de Fort-de-France ont tout perdu dans ces violences urbaines.
"Nous prendrons les dispositions qui s'imposent pour arrêter cette hécatombe"
Steve dirige un magasin de téléphonie mobile. Des dizaines de téléphones portables et d'accessoires ont été volés par une cinquantaine de jeunes cagoulés. "Nous n'avons plus de quoi redémarrer, il n'y a aucune excuse. Demain matin, les chefs d'entreprise comme moi se retrouveront à venir faire la sécurité eux-mêmes, même si la loi ne peut accepter cela. Mais il y a un moment, trop c'est trop", lance-t-il.
Une colère qu'expriment également les riverains de ce quartier populaire de Sainte-Thérèse à Fort-de-France, théâtre des violences depuis deux semaines : "Nous prendrons les dispositions qui s'imposent pour arrêter cette hécatombe. Maintenant, je crois que ça suffit".
Les prix alimentaires 40% plus élevés que dans l'Hexagone
Des violences avaient déjà éclaté à Sainte-Thérèse dans la nuit du 2 au 3 septembre, au cours de laquelle des policiers avaient été la cible de tirs à balles réelles. Ces tensions s'inscrivent dans un contexte de mouvement de contestation contre la vie chère, démarré début septembre. En Martinique, d'après une étude de l'Insee en 2022, les prix alimentaires étaient 40% plus élevés que dans l'Hexagone.