La marche contre l'islamophobie a rassemblé 13.500 personnes dimanche à Paris, selon un comptage réalisé par le cabinet Occurence pour un collectif de médias, dont l'AFP. Émanant de plusieurs personnalités et organisations comme le Collectif contre l'islamophobie en France, cet appel a provoqué une polémique au sein de la classe politique sur fond de débat ravivé sur le port du voile et la laïcité depuis plusieurs semaines.
"Oui à la critique de la religion, non à la haine du croyant", "stop à l'islamophobie", "vivre ensemble, c'est urgent", pouvait-on lire sur des pancartes de manifestants au milieu de nombreux drapeaux français. "Solidarité avec les femmes voilées", ont également scandé des participants.
Jean-Luc Mélenchon demande de se concentrer sur "la valeur de la cause qui est servie"
L'appel à manifester avait été lancé le 1er novembre dans le quotidien Libération. Le message initial était de dire "STOP à l'islamophobie", à la "stigmatisation grandissante" des musulmans, victimes de "discriminations" et d'"agressions". Depuis l'appel à manifester, la classe politique se déchire sur cette thématique. La notion-même d'"islamophobie" ainsi que l'identité de certains signataires de l'appel ont conduit une partie de la gauche à ne pas s'y associer, au PRG ou au PS (qui a annoncé travailler à l'organisation d'une prochaine manifestation contre le racisme).
Mais dans le cortège parisien, plusieurs élus de la France insoumise (Clémentine Autain, Danièle Obono, Eric Coquerel...) étaient bien présents au côté de leur chef de file Jean-Luc Mélenchon, qui a appelé avant le départ de la marche à ne pas "confondre quelques personnes avec la valeur de la cause qui est servie". Egalement dans la rue, Ian Brossat, porte-parole du PCF, estime qu'"il y a un climat de haine contre les musulmans". "On ne peut rester les bras ballants", ajoute-t-il fustigeant au passage les attaques de la présidente du Rassemblement national.
Une marche "insupportable" pour Gabriel Attal
Marine Le Pen avait en effet estimé samedi qu'il s'agissait d'une manifestation "main dans la main avec les islamistes". Plusieurs membres du gouvernement ont également eu des mots très durs contre le rassemblement, qualifié d'"insupportable" par le secrétaire d'Etat en charge de la Jeunesse, Gabriel Attal, invité du Grand rendez-vous Europe 1 / CNews / Les Echos. "La France Insoumise et des cadres d'EELV sont pris la main dans le pot de confiture clientéliste et communautariste", a-t-il dénoncé.
Evoquant des "ambiguïtés", Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, a pour sa part estimé que la marche dressait les gens "les uns contre les autres".
Outre le cortège parisien, d'autres rassemblements étaient prévus en France. A Marseille, une manifestation a eu lieu avec quelques centaines de personnes - familles musulmanes, mais aussi syndicalistes et militants de gauche. Environ 200 personnes ont également défilé à Toulouse.